Her *

Spike Jonze

L'histoire

Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur.

Avec

Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams, Rooney Mara

Sorti

le 19 mars 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La volupté de l'irréel

 

Quand je dis, en bon mâle hétérosexuel basique, que j'adore Scarlett Johansson, pas de surprise chez ceux qui m'entendent. Mais quand je rajoute que ce que je préfère chez elle, c'est…sa voix, personne ne me croit. On me regarde come une sorte de menteur qui n'assume pas son statut de loup tendance Tex Avery face à l'actrice la plus sensuelle de ce début de siècle.
Bon, comme vous voulez, mais c'est ainsi, les voix voilées un peu traînantes où l'on sent pointer une petite mélancolie teintée de douceur, ça me fait quelque chose…
Et donc, voilà ce film, "Her", avec non pas Scarlett Johansson, mais juste sa voix. Pas besoin de beaucoup d'efforts pour s'identifier au personnage joué par Joaquin Phoenix qui tombe amoureux de la personnalité virtuelle créée par le système d'exploitation de son ordinateur et ayant la voix de l'actrice. Si certains sont allés le voir en version française, eh bien, c'est raté, ils ont vu un autre film, certainement beaucoup moins étonnant et charmeur.
Alors oui, bien sûr, la question se pose, une telle relation avec un être totalement virtuel pourra-t-elle exister d'ici quelques années ? La réponse est bien évidemment positive, on peut même imaginer pire. Je me disais que la génération de nos grands-parents ne pourrait absolument rien comprendre à ce type de film, on peut prévoir que d'ici quarante ans, on écrira des histoires d'êtres virtuels que nous, quadras ou quinquas actuels, ne saisirons pas le moins du monde.
Et maintenant, en 2014, trente ans après 1984 (ouf, Orwell n'avait pas vu tout juste), qu'en est-il ? Que peut nous faire une telle histoire ? Tout ce qui tient de la forme est très étudié, les décors, les costumes, l'aspect certes futuriste mais pas vraiment daté, la douceur apparente de la vie quotidienne (tout le monde semble travailler dans l'industrie des loisirs, dans des atmosphères douces où l'agressivité n'existe pas), tout est à la fois crédible et improbable, pas une voiture en vue, pas un seul SDF… L'ambiance sonore et visuelle est feutrée, bien loin des univers de science-fiction qui sont habituellement montrés au cinéma, et rien que pour cela c'est assez réjouissant, le film ne tombe pas dans les clichés, on n'en attendait pas moins du créateur du formidable "Dans la peau de John Malkovich".
En revanche, le scénario laisse le spectateur un peu décontenancé.
L'amour imaginaire pour une poupée gonflable ("Monique" de Valérie Guignabodet, ou bien "Une fiancée pas comme les autres" de Craig Gillespie), on l'a déjà vu au cinéma, et cela finissait forcément par une prise de conscience du héros qui s'intéressait à nouveau aux humains. Dans "Simone", Al Pacino créait une actrice virtuelle qu'il voulait faire disparaître en fin de compte après une période de gloire. Les sentiments éprouvés n'étaient pas d'ordre romantique, au contraire de "Her". On peut ici être complètement pris par le récit de la relation amoureuse et le personnage virtuel en oubliant (presque) qu'il ne s'agit que d'une suite de 1 et de 0, certes complexe, mais tout de même le résultat d'un programme. On peut au contraire l'avoir toujours à l'esprit et trouver tout cela parfaitement ridicule. On peut aussi faire le parallèle avec les relations virtuelles entre véritables humains qui échangent par messages numériques sans jamais se rencontrer : cela peut-il combler un vide ? certainement ; cela peut-il se substituer à une relation charnelle ? quelle qu'elle soit, la réponse est non, bien évidemment. Et le propos du film s'en trouve alors assez vain. Malgré cela, il y a quelque chose d'émouvant dans cette solitude, dans ce refus de la réalité, dans cette esquive de la difficulté de la relation amoureuse, désirée mais pas assumée…

Pas encore de commentaires pour ce film

Wow. J'adore être surpris et avec Her, Spike Jonze réussit son coup.
On va boucler le problème Scarlett Johansson : je ne savais pas qu'elle était la voix et, bien que j'aurai pu la reconnaître, je ne me suis pas posé la question une seule fois durant tout le film. Non, je n'avais pas besoin de savoir qui était la voix. Je n'ai pas eu une seule seconde l'envie de lui donner corps tant elle était envoûtante. Du coup, je me suis trouvé un peu dans la même position que le personnage principal, juste totalement hypnotisé par la voix de Samantha, sa personnalité, sa douceur. Au final, je suis même bien content de ne pas avoir identifié Scarlett car cela m'aurait probablement mené donner une image à Samantha, chose dont elle n'a pas besoin.
Tout le reste : le sujet, la réalisation, les relations avec les autres personnages ont un accent de sincérité rare.
J'ai été vraiment impressionné par Her et je le conseille à tout le monde autour de moi (en V.O. uniquement). Je l'ai même entré en 3ème position du top 10 de mes films préférés. Et tout ça, il faut quand même bien l'avouer, grâce à Scarlett Johansson qui a su me séduire par sa voix, bien plus qu'elle ne l'aurait fait par son corps.


Jef, le 12 mai 2014

 

 

Un homme tombe amoureux de la voix de son ordinateur. Le sujet est terriblement accrocheur et rien que d’y penser, j’ai quelques images cocasses en tête : genre, tomber amoureux de la Siri la voix de son Ipad (hihi), le sexe, la présentation à sa famille, … En plus c’est Spike Jonze qui réalise, ca doit être forcement aussi dingue que « Dans la peau de John Malkovitch ».
Et là… surprise ! Ça se passe dans le futur (je n’ai pas lu l’histoire en entier), un futur légèrement décalé… imaginez un peu : le quartier de la Défense mais en beau, un grand appart’ meublé Ikea ou Roche Bobois (selon vos budgets) avec un ordi, une télé 3D et l’oreillette indispensable pour éviter d’avoir le cerveau micro-ondé…
L’utilisation de ce futur très contemporain pour désamorcer tous les écueils qu’un tel récit peut susciter est vraiment très élégante et change pour une fois de l’éternel futur oppressant avec la fin de l’Humanité en ligne de mire. J’ai été donc très charmé par cette première moitié de film sur le mode comédie romantique entre un mec sensible et sa meilleure amie à la voix si coquine (Ah, Scarlett !). Finalement une intelligence artificielle reste une intelligence et beaucoup de relations épistolaires, ou autres Skype, sont devenues des histoires d’amour.
Mais le plaisir est un peu gâché par la seconde moitié que je trouve assez roublarde, comme si le film refusait d’assumer cette première partie si originale pour revenir à des artifices de romcom ou de SF assez ordinaires, alors qu’il aurait pu basculer pour le coup d’une modernité assez sage vers un futur d’une créativité inégalée au cinéma.


Adrien L, le 9 juin 2014

 

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