La haine **

Mathieu Kassovitz

L'histoire

Abdel Ichah, seize ans est entre la vie et la mort, passé à tabac par un inspecteur de police lors d'un interrogatoire.
Une émeute oppose les jeunes d'une cité HLM aux forces de l'ordre. Pour trois d'entre eux, ces heures vont marquer un tournant dans leur vie...

Avec

Vincent Cassel, Hubert Koundé, Saïd Taghmaoui

Sorti

le 31 mai 1995

Reprise le 5 août 2020


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Diamant noir

 

Vingt cinq ans, et pas une ride pour l'ancêtre d'à peu près tous les films sur la banlieue. Juste une absence, qui indique que nous ne sommes pas encore au 21eme siècle, le poids de la religion, presque inexistant. Les trois personnages représentent chacun l'une des trois communautés monothéistes, mais il n'y a aucune tension due à des intolérences religieuses. Les "frères" sont encore loin, en 1995, d'avoir pris le pouvoir et imposé leurs règles.
Tout le reste est d'une actualité troublante. Côté farce, et côté tragédie.
Pour la farce, l'injure et le verbe haut font office de communication. Comme dans les misérables de 2019, la langue est un régal, inventive, imagée, en forme de galéjade sans cesse renouvelée. Ce sont des soliloques qui résonnent dans un silence attentif, ou bien des dialogues ultra vifs, où chacun se bouffe la réplique. C'est de toutes façons du théâtre permanent, très souvent drôle, toujours percutant.
La tragédie fait s'opposer les exclus et ceux qui sont chargés de maintenir l'ordre, souvent dépassés, au bord de la bavure, et là aussi, le film de Ladj Ly puise exactement dans le même terreau que celui de Kassovitz. C'est implacable, comme des destinées en marche, c'est cruel et désespérant, il semble que l'espoir d'en sortir soit inexorablement déçu.
La haine fait sans doute partie de ces films qui vont marquer l'histoire du cinéma, fruit de l'assemblage de talents bruts et de séries de petits miracles.

 

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