Le Grand'Tour

Jérôme le Maire

L'histoire

10 hommes dans la quarantaine, 10 amis, rejoignent à pied "le carnaval du monde" pour faire la fête, marcher à travers bois, le temps d'un week end, sans femmes ni enfants. Faire un tour en quelque sorte. Ils ne reviendront que six mois plus tard, et encore, pas tous !

Avec

Vincent Solheid, Denis Burton, Pierre Fontaine, Christian Henrard, Renaud Quirin, Emmanuel Lawarée

Sorti

le 24 juillet 2013


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Tourne, tourne et puis quoi ?

 

Une dizaine de quarantenaires, tous de type masculin, lâchés dans la nature, allant où le vent les pousse, carburant à la bière et à la cocaïne et ne sachant absolument pas quand ils vont rentrer chez eux pour retrouver leurs familles, qu’est-ce que ça donne ? C’est drôle ? Ça donne envie de partir pour faire soi-même son grand tour ?
On en sort avec une impression mitigée, étonné par ce qu’on vient de voir mais pas emballé… Filmé comme un documentaire, avec les vraies-fausses interviews des personnages-acteurs revenant sur leur aventure, la commentant avec du recul. Ces mêmes acteurs se confondent avec leurs personnages, ils font partie, dans la vie comme dans le film, d’une fanfare (comment dire, la fanfare… nulle ?). Ils portent leurs propres noms et ont probablement gardé leurs caractères et la nature de leurs relations. Le grand tour, c’est peut-être ce qu’ils auraient pu ou voulu vivre mais qu’ils n’ont jamais réalisé. Sauf que le film est là… Cet aspect de documentaire pour de faux mais qui sonne tellement vrai est une des originalités fortes du film et dans le même temps, une limite qui empêche souvent le récit de vraiment s’envoler.
Tout le début, jusqu’à une bonne moitié, fait écarquiller les yeux devant ce grand délire, cette somme de transgressions, d’actes régressifs sans qu’il y ait véritablement de provocation. C’est une bande d’allumés, ivres bien souvent, qui lâchent les amarres en suivant Vincent, qui joue le rôle de chef, de gourou, de maître spirituel, semblant donner un sens à leur épopée.
Et puis, pas tout à fait d’un coup, plutôt par paliers, le délire se teinte d’amertume, vire à l’aigre, et pour certains, le constat est cruel. Le grand tour a pesé sur leurs vies, la parenthèse a été trop longue pour ne pas avoir de conséquences dévastatrices sur ce qui faisait leur confort matériel, social et familial… mais ce n’est même pas cela qui les fait revenir à la réalité. Vincent, leur leader, est peu à peu devenu moins drôle, de plus en plus détaché, passé dans une autre dimension. La majorité de ceux qui le suivaient se rendent compte alors qu’ils finissent par tourner en rond, sans objectif (même éphémère). La quête est sans doute plus importante que le but, c’est certain, mais à ce point… L’ensemble finit par ressembler à une sorte de "Into the wild" collectif et parodique : au lieu de briser les chaines, tous s’enferment dans un tour minuscule et centré sur eux-mêmes. Le salut ne vient que dans la fuite, et certains y parviennent, trouvant un nouveau point de départ.
Troublant, quand même…

 

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