Il y a dans ce film toute la
rigueur d'un cinéma iranien dont le chef de file serait Asghar
Farhadi. Il y a aussi une dénonciation sans ambiguïté
de l'absurdité du régime autoritaire iranien, qui
vaut à son auteur une lourde condamnation dans son pays.
Et puis, comme si cela ne suffisait pas, le film va encore plus
loin, vers quelque chose qui fait que l'œuvre est universelle
et parle au plus grand nombre, lorsque le politique ou le religieux,
ou l'ordre moral ou un ensemble de tout cela interfère avec
la sphère intime, qu'elle soit amicale, amoureuse ou familiale.
L'histoire est celle d'une famille, mais c'est aussi celle du peuple
iranien, et de tous les peuples qui vivent et souffrent avec des
interdictions et une répression insidieuse ou frontale. La
façon dont le récit est organisé est terrible,
nous emportant très loin, aux portes de l'irréel.
Même si les images, les cadrages et le son ont été
particulièrement travaillés, la forme reste assez
classique, respectant la chronologie, sans effets de style, sans
fioritures. C'est âpre, glacial, sans concessions, donnant
l'impression d'une maîtrise parfaite, jusque dans les zones
d'ombre.
Là où Tatami
en mettait plein la vue avec un aspect spectaculaire, ces graines
de figuier cent fois plus subtiles emportent le spectateur bien
plus profondément, avec un minimum de moyens. Grand film
effrayant, dont on ne sort pas indemne.
