Certes, le propos est inattaquable,
le récit est efficace, la mise en scène est nerveuse,
l'histoire est originale, basée en partie sur plusieurs faits
réels. On peut comprendre le déluge de critiques élogieuses.
Mais que tout cela manque de subtilité ! La combattante est
valeureuse, déterminée et ne bougera pas d'un iota.
Son entraineuse est déchirée entre sa droiture vis
à vis de sa championne et les injonctions de ceux qui, au
dessus, prennent les décisions. Elle vacille et navigue entre
deux eaux. C'est la seule en ce cas, et comme elle est étiquetée
ainsi, ses atermoiements ne surprennent pas. Les représentants
de l'état islamique iranien, au téléphone ou
présents sur les lieux, sont méchants, bornés,
castrateurs : des vilains. Les organisatrices de la compétition
font tout ce qu'elles peuvent pour aider la combattante à
combattre dans les meilleures conditions possibles, sans ambiguïté.
Le cadre est donc posé, et le récit est ultra balisé
à l'intérieur de ce carcan. Les combats se succèdent,
de plus en plus longs et assez pénibles à regarder
pour qui ne s'intéresse pas au judo.
Et puis au final, on est en droit de se demander si le dilemme entre
le sport et la politique est vraiment traité. La République
islamique iranienne ne veut pas que ses ressortissants rencontrent
des Israéliens, ceux-ci étant qualifiés d'occupants
d'un territoire qui ne leur appartient pas. A aucun moment dans
le film, cette volonté n'est vraiment mise en débat.
Certains spectateurs, dont je suis, préfèreraient
qu'Israël soit qualifié d'état terroriste et
soit donc traité comme tel, avec, concernant l'aspect sportif,
une exclusion de toutes les compétitions. Mais à ce
jeu, combien d'états seraient mis au ban ? L'Iran de son
côté, avec les privations de liberté et les
violences faites aux femmes sur son territoire, devrait aussi faire
partie des exclus. Au temps de l'Apartheid, jouer ou non au rugby
ou au foot contre l'Afrique du Sud posait quelques problèmes
de conscience, mais plutôt rares. Il semble que, globalement,
les sportifs se moquent du régime politique du pays qu'ils
affrontent ou dans lequel une compétition est organisée.
Aucun footballeur, aucune fédération, aucun état
n'a boycotté les deux dernières coupes du Monde de
foot, pourtant jouées dans des pays qui piétinent
allégrement les droits de l'Homme (Russie et Arabie Saoudite).
Tatami aurait pu se pencher sur cet aspect, montrer peut-être
qu'il n'y a pas que les dirigeants iraniens qui soient opposés
à rencontrer des Israéliens, mais peut-être
aussi quelques sportifs qui pourraient avoir au moins des doutes,
des hésitations ?
Il faut dire aussi que dans le cas de la compétition de judo
qui est présentée dans ce film, les dirigeants iraniens
sont montrés comme particulièrement ignobles, puisque,
n'assumant pas leur refus de rencontrer des Israéliens, ils
reportent la responsabilité sur les sportifs eux-mêmes
qui doivent simuler une blessure pour déclarer forfait. Très
vilain. Mais du coup la démonstration paraît bien lourde,
chargée, sans finesse. Au fait, qui produit ce film ? La
Géorgie et les Etats-Unis. Ah bon. Ceci peut expliquer cela
?