Fish tank **

Andrea Arnold

L'histoire

A 15 ans, Mia est une adolescente rebelle avec une unique passion : la danse hip hop. Un jour d'été, sa mère rentre à la maison avec un nouvel amant, Connor, qui s'installe chez elles.

Avec

Katie Jarvis, Kierston Wareing, Michael Fassbender

Sorti

le 16 septembre 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Rebelle en suspension

 

Mia, c’est la petite sœur ou la cousine des ados de "Paranoid Park", ou même des trois jeunes filles de "Ils mourront tous sauf moi" ou bien encore des amoureux empruntés de "l’esquive"…
Film d’ados, alors ? On y voit effectivement une jeune fille vivant dans un quartier déshérité, rebelle, rétive aux contraintes, alignant les provocations, mal dans sa peau mais trimballant un charme évident, rêvant de hip hop qu’elle pratique en secret, comme une sorte d’échappée du quotidien gris sombre dans lequel elle surnage, entre sa mère, pas vraiment un modèle d’équilibre, et sa petite sœur, boule de nerfs maniant l’injure fleurie en virtuose.
Sur cette base, pas très originale et presque universelle (la mondialisation du mal être adolescent est une réalité !), Andrea Arnold pourrait se contenter d’apporter sa petite pierre, sans déborder du sujet. Mais elle dispose d’un atout formidable, l’actrice non professionnelle Katie Jarvis, incroyable de naturel, présente à l’écran d’un bout à l’autre du film, pour le plus grand bonheur du spectateur, qui ne se lasse pas de l’énergie, du visage buté qui s’éclaire par instants. Le scénario ne se borne pas non plus à égrener les malheurs de la jeunesse de banlieue, il parle de l’éveil amoureux, se risque à frôler la tragédie (on pense alors aux frères Dardenne), et ose enfin l’émotion pure.
Comme portée par cette histoire et guidée par son actrice pourtant débutante, la réalisatrice parvient à trouver une osmose entre les scènes électriques des face à face entre la fille et sa mère, celles, ambiguës et subtiles, entre Mia et l’ami de sa mère, et des moments de poésie inimaginables dans cette ambiance… mixage improbable et hautement risqué et pourtant cela fonctionne. Certains plans ont une beauté douloureuse, il n’y a pas d’onirisme, pas de rêves éveillés, juste le sentiment magnifiquement bien rendu d’un laisser-aller, lorsque la jeune fille s’abandonne, on sent des frôlements, un temps suspendu, des émotions au bord de la rupture…

 

 

 

 

 

Vos commentaires

Merci al1 de ta critique de ce film. Je n'aurai pas été le voir sinon.
J'ai eu peur pendant 20 minutes. Le décor qui s'installe, la violence du lieu, la violence des relations entre les personnages aussi, pas de mots, presque que des insultes, des confrontations, des agressions, des fuites ... juste la chaleur de la musique et d'une jument !
Et, puis progressivement, on va au delà, bien au delà, dans la compréhension des non-dits, dans l'émotion des sentiments, ... et tout passe avec une force inouïe, presque sans les mots. C'est l'enchaînement des situations, la porte d'une chambre ouverte, une chanson dans une voiture, une blessure au pied, un frôlement, un regard.... ce sont des instants, des moments furtifs qui changent les choses, la trajectoire de Mia ... et le regard qu'on a sur l'histoire.
Et puis, comme l'écrit Al, c'est tourné magnifiquement, avec des moments de grâce absolue, des choix qui paraissent tjrs justes dans les plans, les couleurs, les flous ... poétique sans trahir le sens et l'âpreté du propos.
Allez, j'ferais bien péter la troisième étoile en ce qui me concerne ...


Thierry D., le 22 septembre 2009

 

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