Kaurismäki se laisse tenter
par la comédie romantique ? Ce n'est que pour mieux la détourner,
en apparence. Ses protagonistes, comme tous les personnages de ses
films, ont quelque chose d'irréel, et c'est tant mieux. Après
deux œuvres dénonçant, avec l'humour et le décalage
qu'on lui connaît, la situation des migrants, le voici s'attaquant
à la rencontre amoureuse, en prenant Chaplin pour référence.
Il lui manque tout de même, par rapport au maître américain
du burlesque muet, un élément de taille, le rythme.
Trop de lenteur tue les effets recherchés, et l'ennui peut
pointer, d'autant plus que cette fois-ci, le récit n'est
pas très original. On a l'impression de l'avoir déjà
vue cent fois, cette histoire de deux êtres qui ont peu de
choses en commun, qui s'abordent tout de même, avant de saborder
leur avenir possible. On peut être sensible à la poésie,
à l'univers bien particulier de Kaurismäki, on peut
se laisser bercer par la romance dérisoire, par les couleurs
et la drôle de mélancolie. D'une certaine façon,
les films du réalisateur finlandais ressemblent à
ceux du duo Abel et Gordon (Rumba),
mais ces derniers ont un sacré sens du rythme…