Mon traducteur automatique m’indique
pour fair game : jeu juste. Voilà qui ne m’avance pas
vraiment… et en réalité, cela correspond bien
à l’impression d’ensemble : un fourre-tout idéologique
et politique, avec une touche de romantisme conjugal, et tout de même
formidablement bien interprété : ce sont Naomi Watts
et Sean Penn qui s’y collent, et ceux-là pourraient jouer
du Rohmer, du Racine ou du Max Pécas, ce serait encore formidable.
L’histoire a-t-elle un véritable intérêt
? Poser la question est déjà y répondre : tous
les films qui traiteront de la présence ou non des armes de
destruction massive en Irak n’ont aucun suspense par définition.
On l’avait déjà constaté avec "Greenzone",
on ne peut que le confirmer ici. Les acteurs ont beau froncer les
sourcils, écarquiller les yeux devant les rapports ne signalant
rien, le spectateur attend avec un léger ennui (amusé
parfois, agacé le plus souvent) que l’on passe à
autre chose : non, non, ils ne trouveront rien, et les vilains méchants
de l’administration Bush se ressemblent tous : faisant semblant
de croire à la présence des armes, mais d’une
telle perversité qu’ils ne leurrent personne : eux non
plus ne sont donc pas dupes. Mais alors pourquoi sont-ils si affreux
? Tiens, un sujet de film possible, les enquêtes autour des
armes irakiennes, mais vues par ceux qui veulent à tout prix
faire passer ce mensonge comme une vérité évidente.
Bref, cet aspect du récit, mis en avant au risque d’écraser
le reste, n’est pas exactement passionnant. L’issue et
la façon dont s’apaisent les choses sont plus intéressantes,
quoique. Les deux héros pourraient, en personnages américains
bien classiques, lutter et vaincre contre le pouvoir, renverser des
montagnes, rendre possible ce qui ne l’est pas. Il y a un peu
de ça, mais pas seulement, car le salut (si on peut l’appeler
ainsi) vient aussi du système, pas si corrompu que cela…
Le propos s’en trouve plus nuancé mais également
affadi.
La notion de couple, comme dans le divertissant "Mr. & Mrs.
Smith" du même Doug Liman (ce qui prouve que cet apparent
faiseur de films a tout de même de la suite dans les idées),
apparaît en filigrane, et ce qui en est dit fait regretter ce
que cette œuvre aurait pu être, une description en creux
de l’amour au sein d’un couple de longue date, l’admiration
réciproque, l’usure et les habitudes, toutes ces choses
déjà évoquées dans des milliards d’autres
œuvres, mais qui là, à cause des acteurs (on pense
parfois, bien sûr, à "21 grammes", pour les
regards échangés), à cause de la situation, à
cause de tous les évènements extérieurs, auraient
pu être creusées et apporter un éclairage différent.