L’exercice de l’état *

Pierre Schoeller

L'histoire

Le ministre des Transports Bertrand Saint-Jean est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet. Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n’a pas le choix. Ainsi commence l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique… Tout s’enchaîne et se percute.

Avec

Olivier Gourmet, Michel Blanc, Zabou Breitman, Laurent Stocker, Sylvain Deblé, Anne Azoulay

Sorti

le 26 octobre 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Exercice complexe

 

 

 

Passionnant, foisonnant, tour à tour austère ou spectaculaire, le film de Pierre Schoeller pose dès son titre une énigme : on sait qu'il est question d'un ministre, du pouvoir qu'il exerce. On s'attend donc à ce qu'après "l'exercice…", il y ait "du pouvoir". D'ailleurs, nombreux sont les spectateurs potentiels à en parler de cette façon-là. Or, le titre est bien "l'exercice de l'état", et non du pouvoir.
Le prologue, déroutant, très surprenant, peut faire croire que l'on s'est trompé de salle. N'est-on pas venu voir un film politique ? Que fait cette femme nue en face d'un crocodile ? A l'issue de la projection, une évidence s'impose, et c'est bien la seule, le monde politique est d'une complexité insoupçonnée, et celle-ci est souvent très mal rendue par les journalistes… Il n'y a pas ici des bons et de méchants, des vertueux et des traîtres, des individus à l'intelligence brillante et des abrutis. Le gouvernement fictif dont fait partie le ministre est clairement de droite, bien que ce ne soit jamais exprimé, mais quelques-uns de ses membres défendent des idées et des valeurs traditionnellement de gauche. Du couple formé par le ministre et son directeur de cabinet transpire une drôle d'ambiguïté, où il est question d'amitié, d'engagement, d'arrangement avec la réalité, de convictions profondes qui peuvent se dissoudre dans les ambitions personnelles. Michel Blanc est formidable, incarnant un personnage de l'ombre qui ne semble jamais sortir du ministère (lorsqu'il se retrouve dehors, c'est l'essoufflement qui le terrasse…) mais celui qui imprime durablement son personnage dans les mémoires, c'est bien Olivier Gourmet, une nouvelle fois énorme, géant bancal, monstre terriblement émouvant.

 

 

 

Vos commentaires pour ce film

J'ai adoré, on y croit du début à la fin, je l'ai vu 2 jours après "Polisse".
Olivier Gourmet est séduisant. L'animal politique présenté ici est humain, chaleureux, mais aussi cynique et est prêt à renoncer à une partie de ses principes et à des amitiés solides, pour une parcelle de pouvoir en plus.
Le film n'est pas une charge du monde des ministères du type "tous pourris", c'est ce qui en fait la force et qui fait naître aussi un certain malaise. La violence est présente aussi, physique ou organisationnelle, montrée ou suggérée.
C'est vraiment un bon film, qui comme Polisse, parle de gens qui aiment vraiment leur métier et qui s'y investissent jusqu'à s'y perdre parfois et qui pose des questions essentielles : .
Comment peut-on croire qu'on a un rôle public à jouer, qu'on est là pour faire appliquer des règles et des lois, ou pour les définir, tout en étant simplement des êtres humains normaux sans super pouvoirs, pétris de doutes et capable de se tromper.


Isabelle EC dite IEC, le 3 novembre 2011

Voir aussi la critique croisée avec Polisse, de Philippe C.

 

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