Qu'est-ce que le serpent, et
son étreinte ? La plante ardemment recherchée par
deux explorateurs et qui probablement doit avoir quelques vertus
hallucinogènes ? La rivière (l'Amazone, plus gros
fleuve du monde, tout de même) et ses affluents, sur lesquels
se perdent les personnages ? La folie qui s'empare de tous ceux
qui ont une idée fixe ?
Ou rien de tout ça, et peut être juste l'ennui d'un
spectateur qui avait juré qu'après Tabou,
les films vaguement ésotériques en noir et blanc dans
un environnement exotique, ça n'était pas pour lui,
et qui s'est malgré tout laissé tenter par quelques
conseils ("mais vas-y, ça n'a rien à voir avec
Tabou !").
Sûr que ça n'a rien à voir, ce n'est même
pas sur le même continent…
Mais, comment dire, dans cette étreinte d'un serpent absent
du récit, ces deux histoires montrées en parallèle,
ces deux hommes guidés par le même chaman à
quarante années d'intervalle, il est permis de s'en désintéresser
complètement… Mus l'un par le désir de guérir
et l'autre par sa soif de connaissances, ils n'ont rien d'attachant,
et ils peuvent bien se perdre, être floués, se révéler
plus retors qu'on aurait pu l'imaginer, mourir éventuellement…
tout peut arriver, on s'en moque, finalement, au contraire par exemple
des personnages joués par Klaus Kinski dans les films autrement
plus spectaculaires de Werner Herzog et traitant eux aussi de la
folie des explorateurs (Aguirre, Fitzcarraldo). Le chaman, interprété
par deux acteurs différents plutôt bien choisis (oui,
il y a des ressemblances !), sous des abords inédits, entre
dans le cliché de l'Indien seul survivant de sa tribu, garant
fragile d'un savoir qui inexorablement se perdra… à
vrai dire, pas très passionnant non plus.
Pendant une ou deux minutes, à la fin, le réalisateur
croit avoir trouvé la grâce et se prend pour Kubrick
dans "2001 l'odyssée de l'espace". C'est consternant.