L'Enlèvement

Après le ravissement, voici l'enlèvement. Le titre est plus explicite, l'histoire est plus radicale, moins subtile. Dans le ravissement, le rapt d'enfant se faisait de façon tout à fait irrationnelle, sur un coup de folie, ici il est basé sur une volonté de domination religieuse et politique. Bellochio prend à bras le corps cette histoire vraie, qui a secoué l'Europe d'alors et plus encore. Le traitement est comme toujours avec ce réalisateur, très soigné : l'image est magnifique, la musique participe à l'aspect tragique, les instants oniriques sont impressionnants (la décrucifiction est saisissante !). Mais sans doute faut-il être un peu attiré par les concepts religieux, par la fascination que peuvent exercer certains rites pour se trouver embarqué par le récit. Il y a certes suffisamment d'ambiguïté et de complexité dans les enjeux que défendent les différents personnages, et oui, historiquement, être juif ou chrétien au 19ème siècle devait sans doute conditionner grandement l'existence, mais on peut aussi trouver toutes ces luttes de pouvoir parfaitement ridicules et dérisoires.