A la fin du premier
volet de Dune, Denis Villeneuve avait laissé Paul Atreides
chez les Fremen, au seuil d'une nouvelle étape de son existence,
après une longue, très longue exposition des enjeux,
l'épice et son exploitation comme clefs du pouvoir sur tout
l'Univers connu, les différents peuples ou familles qui se
tirent dans les pattes pour le dominer, et toute une organisation
plus ou moins spirituelle ayant pour but de maintenir la paix. Bien
sûr, tout cet équilibre est précaire et ne demande
qu'à s'écrouler, pour le bonheur des raconteurs d'histoires.
Et Villeneuve, c'est indéniable, a un talent de fou pour
les raconter, ces histoires. Pourtant, celles-ci n'ont pas grand
chose de nouveau, c'est un mélange, pour ne pas dire salmigondis,
de légendes médiévales, de mythologie grecque,
de péplum grandiloquent, avec les clichés inhérents
au genre de la SF, c'est à la fois Star Wars, Le
Seigneur des anneaux et Dallas, Shakespeare, Eschyle
et Xavier Dolan. Mais Villeneuve est à la manœuvre,
et renoue avec succès avec le grand cinéma populaire,
spectaculaire et plutôt intelligent dans la manière
d'exposer toutes les étapes de ce récit complexe qui
peut renvoyer par certains aspects à notre époque
(conflits religieux, exploitation à outrance de ressources
naturelles, chefs d'état despotiques…). Et c'est surtout
un régal pour les yeux, avec un univers complètement
dépaysant et d'une beauté renversante. Le désert,
ici décor presque unique des affrontements entre Fremen et
Harkonnen, donne une impression d'immensité majestueuse.
C'est beau, très beau, un petit peu simpliste pour ce qui
est de la relation entre les personnages, mais ceux-ci, des principaux
aux tout à fait secondaires, sont assez formidables, attachants
ou détestables. On en sort KO, peut-être l'esprit encore
dans les volutes de l'épice…