Soit une jeune femme qui se cherche 
              (forcément, elle s'appelle Mavie) et vient d'arriver à 
              Paris en provenance de sa province pas si lointaine. Soit un homme 
              bientôt vieux, misanthrope, bougon, râleur, libraire 
              n'aimant pas les clients (même pas certain qu'il aime les 
              livres). La probabilité qu'ils se rencontrent dans la vie 
              réelle est à peu près nulle. Au cinéma, 
              c'est du 100 %. Ils font se côtoyer leurs solitudes respectives 
              et donnent le titre au film par leur aspect un peu étrange, 
              un peu perchés tous les deux sur leurs ergots, regardant 
              le monde qui les entoure avec un léger mépris. Un 
              flamant rose et un cormoran. Sur le papier, cela pourrait être 
              drôle, charmant, délicatement parisien. Sur l'écran, 
              c'est surtout ennuyeux. Les échanges ne débouchent 
              sur aucune émotion, l'un est sentencieux, intolérant, 
              l'autre est patiente et tombe inexplicablement sous le charme du 
              vieux bougon. Peu à peu, le seul intérêt qui 
              reste à suivre ces deux-là, c'est de reconnaître 
              les quartiers de Paris qu'ils traversent. Les silences, nombreux, 
              n'ont pas de densité, ils donnent simplement une impression 
              de vide dans cette histoire. Les dialogues entre les silences font 
              un peu peur : la fille d'Isabelle Huppert est donc capable de tourner 
              dans des films encore plus cérébraux que ceux où 
              sévit trop souvent sa mère. Elle était dix 
              fois plus intéressante dans le drôle de film Gaby 
              Baby Doll, mais là elle ne ressemblait pas à 
              sa génitrice. Ceci explique peut-être cela.