C'est l'histoire d'une fille
qui ne peut pas rester toute seule, ni pour manger, ni pour dormir,
ni pour se balader, ni même pour pisser… Cette fille
rencontre un type qui lui, veut rester tout seul, en ermite.
Et bien sûr, à la fin…
Non, je ne vous raconte rien. Ça pourrait durer trois minutes,
ou quinze mais là, on est parti pour une heure trente de
vues sur la campagne, assez répétitives, et sur le
jogging pourri que porte Benjamin Biolay, on entend quelques borborygmes,
quelques phrases pleines de trous, les oiseaux aussi. Même
si le récit n'est pas des plus clairs, on comprend ce qui
se passe, ou plutôt ce qui ne se passe pas, puisque il ne
se passe rien, ou à peu près. Passons.
Malgré l'ennui qui découle de tout cela (enfin, "de
tout cela", c'est une façon de dire, disons plutôt
"de ce peu"), le film a son petit charme, un charme ennuyeux,
ou un ennui charmant. Le charme de Lolita Chammah qui se trouve
être la fille d'Isabelle Huppert (mais franchement, ça
ne se voit guère), le charme d'un certain éloge de
la paresse, le charme des choses de la campagne vues par des citadins.
Rien ne semble grave, cela pourrait être complètement
insignifiant, sans aucun sens et pourtant au bout du compte le film,
malgré son aspect foutraque et tout en négligences,
révèle une construction presque savante, au travers
de ces balades sans cesse recommencées et des mots échangés
qui tiennent plus de l'inconscient que de la réflexion. Les
personnages se sauvent l'un l'autre, c'est au choix une comédie
romantique boueuse, hivernale, totalement décalée,
ou bien un hymne au désert de la campagne, comme une suite
étrange du Misanthrope, une rencontre improbable entre un
Alceste ayant renoncé à tout et une Célimène
rejetée par ses amis pour en avoir trop abusé. Ils
ne se reconnaissent pas tout de suite. Et à la fin…
mais je ne vous dirai rien.