Divines

Houda Benyamina

L'histoire

Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.

Avec

Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda

Sorti

le 31 août 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Demi-déesses

 

C'est le film à double effet.
Le premier intervient dans l'immédiateté, pendant la projection, il dure un peu à la sortie de la salle de cinéma. C'est l'impression d'avoir pris des coups de poing, des coups au cœur, comme si l'on venait de voir un film aussi marquant que le fut "La Haine" en son temps. L'énergie qui s'en dégage est impressionnante, portée essentiellement par les trois actrices principales, tout en tensions et en connivences. C'est drôle, tragique, désespérant, le récit semble inéluctable, plausible, ne caresse pas dans le sens du poil. Le personnage principal, une jeune fille ayant décroché de tout parcours scolaire, est à la fois exaspérant et terriblement attachant. Il est le symbole probablement d'une génération sacrifiée (et peut-être de plusieurs générations), la preuve de l'échec des politiques en direction de la jeunesse, des banlieues, des populations exclues, sans parler du chômage… Le danseur qui représente la possibilité de réussite est, toujours dans ce premier effet, un contrepoint intéressant à cet univers fermé (mais pas morose). Il montre qu'une ouverture à la culture, à l'expression, à la créativité, est indispensable, plus particulièrement dans ce contexte.
Puis vient le deuxième effet. Cette première scène, par exemple, qui montre une professeure dépassée par la colère à la fois légitime et excessive d'une de ses élèves… cette scène qui semblait tellement bien jouée et formidable, pleine de sens, n'est-elle pas, réflexion faite, un copier-coller à peu de choses près de ce qu'on a pu voir il y a quelques années dans "entre les murs", avec en plus, une certaine démesure émotionnelle et légèrement démagogique, une façon d'assommer le spectateur d'entrée, pour qu'il ne puisse plus avoir de recul, pour qu'il soit noyé dans cette pulsion en continu ? Après analyse, les personnages et les grandes lignes du scénario ne résistent pas longtemps : ce sont des clichés pur jus. Non pas qu'il n'y ait pas de vérité dans les clichés, mais l'ensemble donne l'impression d'un catalogue de toutes les idées reçues sur les banlieues, la plupart d'entre elles certainement fondées, mais l'empilage est préjudiciable, l'échec scolaire, la tchate, le deal de drogue, les mosquées souterraines, les parents dépassés et impuissants, le rapport homme-femme tordu (les scènes de violence envers l'héroïne étaient-elles tout à fait nécessaires ? la deuxième est plutôt malsaine, puisqu'on a pris le soin d'habiller la jeune fille avec une robe sexy…), les voitures brûlées, les pompiers empêchés d'intervenir… Cerise sur le gâteau, la réussite du danseur montre, au final, qu'on ne peut s'en sortir qu'avec un talent particulier, réservé à une toute petite minorité. Cela aurait pu être le sport (basket ou foot), ici c'est la danse. En essayant d'éviter le cliché, on y tombe encore plus profondément.
Divines, ces jeunes filles le sont, certainement. Elles ont une soif de vie étonnante et incroyablement courageuse, au vu de la vie qu'elles mènent et que le système leur fait subir. Le traitement de cette "divinité" manque de subtilité, autant dans les personnages que dans le déroulé du récit. Le film récent de Jacques Audiard, "Dheepan", montrait une réalité à la fois plus onirique et plus crédible de la banlieue.

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