Est-ce parce que La
tête haute montrait le point de vue des "encadrants",
des adultes, au contraire de celui-ci, qui se range du côté
des jeunes en foyer, que le film d'Emmanuelle Bercot me touche plus
que celui de Chad Chenouga ? C'est une explication possible, ce
n'est pas forcément la seule. Le parcours de l'adolescent,
sans être un cliché, n'en est pas moins empreint de
quelques schématismes, la difficile arrivée dans le
foyer, les révoltes régulières, les rapprochements
(pas tout à fait des amitiés) avec d'autres jeunes,
la directrice profondément humaine (Yolande Moreau, toujours
juste)… Tout n'est pas attendu, tout n'est pas prévisible
mais rien n'est complètement surprenant. Le récit
est un peu laborieux, en particulier tout le début, la mise
en place de la situation est assez lourde. Les émotions ont
de la peine à éclore, le personnage de l'adolescent
n'est pas tout à fait attachant, ce qui est montré
de sa relation avec sa mère ne permet pas de comprendre ses
réactions, ses obsessions. Les éducateurs, en dehors
de la directrice du foyer, ne sont absolument pas développés,
et la plupart paraissent dépassés par les évènements.
Même si cela est une réalité possible, ce n'est
certainement pas la seule.
Mais le film n'évite pas son sujet, il prend partie, tend
à démontrer que le déterminisme social fait
des ravages, et lorsque les jeunes décident, sans être
complètement maîtres de leurs agissements, de faire
disparaître les preuves de leur passé, on ne peut que
les comprendre. Il y a comme un échec d'une certaine bonne
volonté, cela est bien exposé, et c'est déjà
ça.