Detachment

Tony Kaye

L'histoire

Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant trois semaines dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Lui qui s’efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement...

Avec

Adrien Brody, Marcia Gay Harden, Betty Kaye, Sami Gayle

Sorti

le 1er février 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Cafard en spectacle

 

Tout le malheur du monde s'est concentré sur la personne du personnage joué par Adrien Brody. Il faut dire que l'acteur a la tête de l'emploi, une tête de Caliméro anorexique. Professeur remplaçant dans un lycée avec des élèves tellement mal élevés qu'ils en deviennent irréels, il doit s'occuper de son grand-père qui ne le reconnaît pas toujours, sa mère n'est plus là pour le consoler et pourtant cela lui aurait fait un bien fou, les images d'enfance (tendance caméra super 8 amateur) étant idylliques come il se doit... Pas de petite amie, pas d'ami tout court, son appartement est blafard comme une chambre d'hôpital, on a l'impression qu'il vit dans une sorte de monde futuriste, un Brazil triste où la dépression et le suicide semblent être les seules façons de créer de l'originalité. Ce pourrait être un poème du désenchantement, et le détachement du titre serait alors une autre manière de dire le recul du personnage par rapport à tout ce qui lui arrive. Mais c'est à double sens, bien sûr, et le réalisateur joue avec le terme qui peut aussi désigner un enseignant détaché de tout poste et faisant fonction de remplaçant. On n'est plus dans le registre poétique, on montre alors (ou on essaye de le faire) la réalité de ce qu'est devenu le métier de professeur dans un lycée américain en zone sensible. Comme un pendant outre-Atlantique de l'excellent "Entre les murs". Sauf que ce dernier était complètement crédible, et François Bégaudeau dans son (presque) propre rôle paraissait très humain, au contraire d'Adrien Brody qui passe pour une sorte d'ange triste mais combatif, surnageant dans les clichés et les fantasmes pédagogiques (on se croirait parfois dans un remake trash du Cercle des poètes disparus...).
La forme n'aide pas à croire à cette histoire, ni aux situations : trop de musique triste (le piano lent, ça va deux minutes, ensuite ça ressemble à du procédé redondant : les images et les dialogues parlent d'eux-mêmes), trop d'effets de montage et de zoom qui semblent pour la plupart gratuits... C'est l'agacement qui prédomine au final, face à ce déluge larmoyant, cafardeux et pourtant spectaculaire.

 

Vos commentaires pour ce film

Nous attendons avec impatience, Jean, Elyas et moi ce que tu pourras dire du film que nous venons de voir et qui nous a tous les trois bouleversés,
Detachment, de Tony Kaye, un réalisateur britannique dont j'ignorais l'existence et à la encore brève carrière comme cinéaste. Le héros principal est tenu par l'acteur (magnifique) qui joue dans Le Pianiste. Cours-y vite, c'est en outre un cinéma inventif, rythmé, poétique et réaliste à la fois. Un film comme on a envie d'en voir (et si l'on savait, d'en faire), et si rare.


Isabelle C, le 11 février 2012

 

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