Le premier film de Michel Franco,
"Daniel y Ana",
décrivait cliniquement, sans une once d'émotion, la
relation sexuelle forcée entre un frère et une sœur
lors d'une séquestration, et tout ce qui s'ensuivait. On
se demandait où le film voulait en venir. Ici, l'intention
n'est pas non plus très évidente. Dénoncer
ou juste décrire (encore) le harcèlement dont est
victime une adolescente, ou montrer comment l'absence de communication
malgré la bonne entente évidente entre un père
et sa fille peut mener au drame, ou bien encore utiliser cette histoire
sordide pour parler de la société mexicaine et de
ses travers ? Quoi qu'il en soit, le film distille un malaise terrible,
avec des scènes presque insupportables. Pas d'hémoglobine,
pas de grande violence à l'écran, mais des humiliations
de plus en plus douloureuses, jusqu'à l'horreur. On se demande
donc une nouvelle fois pourquoi le réalisateur montre cela,
pourquoi raconte-t-il cette histoire, d'autant plus que la jeune
fille harcelée n'est pas particulièrement sympathique
ainsi que tous les personnages sans exception, qui évoluent
dans un milieu aisé, voire très aisé.
Le père, avec son parcours et son choix final, peut être
une explication, une réponse possible à la déliquescence
de la société mais si c'est le cas, c'est un délire
à la morale troublante qui ajoute de l'horreur à l'horreur.
Si ce n'est pas cela, il y a comme un sentiment de vacuité,
quel intérêt y a-t-il à installer ce malaise
gratuit ? On en sort choqué bien sûr, mais très
agacé par le manque de prise de position du réalisateur.