Le scénario "basé
sur des faits réels" (et on veut bien le croire, personne
n’est assez tordu pour inventer une histoire pareille) est sordide,
absolument sordide. Moins d’ailleurs par le fait initial dramatique
et déclencheur que par ce qui suit.
Face à de tels évènements intimes et familiaux,
on aimerait que le réalisateur prenne position, qu’il
ait de l’empathie pour ses personnages, ou bien un recul nécessaire
qui lui permette d’extrapoler, de délivrer une sorte
de message. Dans cet exposé quasi-clinique des faits, on reste
toujours à mi-distance et la gêne que l’on éprouve
est un peu difficile à analyser : les problématiques
posées à l’issue de la projection sont-elles d’ordre
moral et général, ou bien parfaitement personnelles
? Le film ne donne aucune réponse (et c’est à
peine s’il pose les questions) et laisse un goût douteux,
comme un dégoût pour l’entreprise : il est dit
dans un déroulant final que les protagonistes de l’histoire
ne savent pas ce qu’il est advenu de la vidéo tournée
à leurs dépends, ce qui veut sans doute dire que ce
qui leur est arrivé n’est pas resté secret, qu’ils
ont fini par avertir des proches, ou des personnes faisant autorité.
Il y a là de quoi briser plus d’une vie, et c’est
un peu choquant de voir cette mise en avant de la réalité
du récit. Le film aurait sans doute gagné en force et
en signification s’il s’en était démarqué
; ici, le côté véridique donne une impression
de voyeurisme, malgré la pudeur de la mise en scène.