Ah, c'que c'était bien,
l'histoire d'Angèle
et Tony… Il y avait déjà Grégory
Gadebois avec sa force faussement tranquille, et Clotilde Hesme
avec sa fragilité d'écorchée, sans mots, mais
avec des maux terribles…
On retrouve ces deux-là, pas tout à fait les mêmes
personnages, mais bien les deux mêmes acteurs, sans beaucoup
plus de mots mais avec d'autres maux. La réalisatrice a rajouté
un personnage, un adolescent pas tout à fait révolté,
pas vraiment accro à son portable, avare de mots comme ses
aînés. Cela pourrait être une formidable chronique
de la prise de conscience d'un garçon, ce qui le fait vivre,
ce qui le meut, ce qui l'émeut. Hélas le récit
est trop plein de trous, c'est un cinéma d'ellipses qui peut
avoir son charme mais ici tous ces vides ne construisent pas une
histoire assez puissante pour emporter le spectateur. Quelques scènes,
particulièrement entre le jeune Romain Paul et Mireia Vilapuig,
celle qui joue son amoureuse, sortent du lot et rappellent que la
réalisatrice sait capter les émotions. Ces trop rares
instants ne suffisent pas à créer une possibilité
d'attachement pour les personnages de ce film très impressionniste,
lacunaire jusqu'au flou.