"Sweet
Valentine" avait révélé Emma Luchini,
la fille de Fabrice, comme réalisatrice et fabricante d'images
originales, un peu moins comme scénariste. Ici, pour ce qui
concerne l'histoire, elle fait confiance à son compagnon,
Nicolas Rey, en adaptant l'un de ses livres. Le récit est
encore un peu bancal, foutraque, manquant de rigueur c'est sûr,
mais ces défauts sont aussi les qualités du film.
Lâcher prise, spontanéité, liberté de
ton, contraste d'ambiances, c'est un film d'artiste qui se moque
un peu des convenances et des exigences. Les acteurs sont parfaits,
se glissant dans la peau de leurs personnages déjantés.
On se croirait parfois chez Bertrand Blier, lorsque les dialogues
dérapent dans l'absurde… et puis parfois, une vague
d'émotion recouvre tout, comme lorsque Veerle Baetens se
met à chanter "mes hommes", de Barbara…
Le spectateur peut être séduit par cette liberté,
qui fait penser à celle de "Comme un avion", mais
il peut aussi être agacé par cette volonté de
toujours rebondir, de ne pas creuser, de ne pas s'attarder. Il n'empêche,
ce deuxième film confirme la promesse du premier, le troisième
sera probablement plus abouti. C'est tout le mal qu'on peut souhaiter
à Emma Luchini…
