Malgré la présence
d’un grand nombre d’ingrédients nécessaires
à la fabrication d’un film original, créatif et
plaisant, l’ensemble laisse le spectateur sur sa faim. Les deux
acteurs principaux, Elbaz et Vanessa David (une découverte,
une silhouette et une démarche inédites, loin des jeunes
actrices fraîches, jolies mais sans saveur), ont une véritable
présence, leurs échanges, violents ou muets, ont quelque
chose d’étrange, parfois captivant, entre trivialité
et poésie. Le regard que porte la réalisatrice sur ces
deux-là tient lieu de mise en scène, elle prend son
temps, n’hésitant pas à en perdre, privilégiant
les ambiances et les moments creux au détriment d’un
récit distendu, pas vraiment maîtrisé. Pour tout
ce qui est du décor, des lieux, des accessoires, des costumes,
tout semble étudié sous une fausse apparence de nonchalance,
jusqu’aux fausses erreurs de raccords… Mais le grand oublié
du film, c’est le scénario. Les personnages évoluent
dans un univers original, ou à défaut dans des ambiances
séduisantes, mais ce qui leur arrive n’a au fond aucune
importance et c’est tout de même une part essentielle
de l’intérêt que l’on peut porter à
une œuvre de fiction qui est ignorée. On suivra avec une
curiosité bienveillante la suite de la production de la fille
de Fabrice Luchini, car elle possède indéniablement
un sens de l’image…