Cela faisait longtemps que François
Ozon tournait des films sans grand intérêt, pourvus
de scénarios d'une faiblesse affligeante. Cette incursion
"dans la maison" tranche sur sa filmographie récente,
par la grâce d'un récit construit, retrouvant l'attrait
des personnages en bord de réalité plongés
dans une fiction qui prend le pas sur toute autre tentative de faire
le malin (au contraire du calamiteux "Potiche").
L'histoire semble classique et banale au premier abord mais gagne
en complexité, proposant humour, perversité et jeu
sur le récit lui-même. La manière de filmer
et de multiples détails peu crédibles (l'uniforme
des lycéens, les magazines de déco dans les mains
de la mère du copain, les œuvre contemporaines de la
galerie d'art…) donnent du recul à l'œuvre entière,
rien n'est absolument sérieux, Ozon semble sans cesse rappeler
que tout ceci n'a rien à voir avec le réel, qu'il
est en train de raconter une histoire, avec délectation et
sur un rythme d'enfer : pas un seul temps mort, tout s'enchaîne
à merveille.
Luchini fait du Luchini, on pourrait le croire dans un de ses spectacles
de lecture d'œuvres littéraires. Les autres sont parfaits,
avec une dose d'ambiguïté variable chez chacun d'eux,
derrière une façade en apparence assez claire…
Oui, tout est parfait, tout roule, même le sable dans les
engrenages est brillant et donne du plaisir. Malheureusement, cela
se gâte en fin de projection, on a l'impression qu'Ozon ne
sait pas comment conclure son histoire, le scénario jusqu'alors
plutôt malin et plein de suspense patine, dérape et
finit par patauger dans l'à-peu-près. Ce n'est ni
une explosion dévastatrice, ni quelque chose de parfaitement
ouvert, c'est une sorte de minuscule pirouette sans panache, d'autant
plus décevante que tout ce qui précède est
vraiment réjouissant…