Aïe ! La brume factice pique
les yeux ! Les effets spéciaux sont assez calamiteux pour
notre époque… Nous serions encore au vingtième
siècle, passe encore, mais là… tout le monde
peut voir d'une part qu'elle est complètement fabriquée
en image de synthèse dès que les personnages se trouvent
au-dessus, et d'autre part qu'elle ne ressemble pas du tout à
la (véritable ?) brume que l'on peut voir lorsque l'action
se situe au ras du sol. Ce problème de crédibilité
nuit grandement à l'ensemble du film, même si rapidement
on comprend que le but du récit n'est pas de savoir comment
et pourquoi cette fumée a envahi Paris mais d'observer une
toute petite poignée de personnages (essentiellement un couple
séparé et sa fille atteinte d'une maladie qui l'empêche
de sortir d'une bulle) aux prises avec l'isolement, le manque d'informations,
l'inquiétude grandissante, etc. Un autre film récent
La nuit a
dévoré le monde, traitait d'une certaine
façon du même thème, Paris envahi par un phénomène
étrange et mortel (les zombies en lieu et place de la brume)
et de la manière dont un personnage vivait les choses. Les
deux films sont comparables, Dans la brume essayant de
tirer l'ensemble vers un aspect plus grand public, avec des éléments
très classiques et pas très novateurs, le rajout de
difficultés par-dessus la catastrophe (ici, la maladie de
la fille), la cellule familiale en morceaux (déjà
vu dans La
guerre des mondes de Spielberg, par exemple), un personnage
masculin qui prend tout en charge, etc. Tout ceci n'est pas très
passionnant, parfois prenant parce que certaines successions de
scènes d'action ont une certaine efficacité, mais
le grand film post-apocalyptique français reste encore à
venir. Cette brume-là tombera dans l'oubli ou se rangera
entre les petites curiosités d'anticipation et les nanars
qui se prennent un peu trop au sérieux. On ne dira rien de
l'interprétation, Romain Duris apportait quelque chose de
si nouveau, il y a… une éternité dans Le
péril jeune, et Olga Kurylenko est ici… pathétique,
pour rester correct.