Drôle de film ; ou plutôt
deux. Une première partie montrant plus l’ennui d’une
vie que ses difficultés. Bien sûr, l’entrée
dans l’univers des adultes, avec la découverte en désillusion
majeure du monde du travail, est plutôt bien traitée,
mais ce que l’on retient de ces scènes froides, descriptives,
sans aucune vague, c’est une sorte de dégoût, une
absence totale de plaisir, de goût du bonheur. Pas seulement
dans les entreprises fréquentées par la jeune femme,
mais aussi au sein de toutes les relations qu’elle peut avoir,
famille, amis, amants de passage. Le personnage du vendeur de porte
à porte, avec qui elle passe un après-midi, symbolise
à lui tout seul cet ennui majeur, sans volonté de s’en
sortir. Dommage qu’il ne soit pas plus développé…
Cette première partie prend le risque, en voulant rester neutre,
d’endormir légèrement les spectateurs. A trop
parler d’ennui, on le laisse envahir l’écran.
Puis, avec la rencontre du jeune homme "qui se fout de tout et
qui vit de petits trafics", le récit prend un virage à
180 degrés. Fini l’ennui, voici la passion amoureuse,
les décisions sur des coups de tête, la déraison
qui emporte tout… Sauf que non, malheureusement, la mise en
scène ne suit pas, elle reste très terre-à-terre,
toujours factuelle, sans poésie. On croit difficilement à
cette relation, malgré l’évident charme qui se
dégage des deux acteurs et des quelques étincelles qui
jaillissent lorsqu’ils se rapprochent. On pense alors à
un autre film, "Au voleur",
qui traitait presque du même sujet, et qui malgré beaucoup
de maladresses, parvenait à transfigurer l’histoire d’amour,
à lui donner un aspect mythique. Ici, l’eau fraîche
peine à faire légende…