C’est donc un voleur. Voleur
d’ordinateurs, de voitures, de bijoux. En subtilisant la montre
d’une jeune femme, il lui fait perdre ses repères. Elle
succombe et commence une étrange histoire d’amour, basée
sur le désir. Pas de conversations, ou juste le minimum. Des
regards, des vibrations, ces deux-là s’aiment, c’est
certain. Le récit de cette relation tangue dangereusement,
en équilibre précaire (et parfois maintenu artificiellement
avec des ficelles énormes) entre d’une part un descriptif
social, qui à défaut d’être toujours crédible,
n’en est pas moins précis, et d’autre part une
dimension poétique de plus en plus prégnante au fur
et à mesure de l’avancée du film, avec une dernière
partie en forêt, hypnotique pour qui se laisse emporter par
la douce folie qui anime les deux personnages.
Autant les sensations, les rêveries, les échappées
presque oniriques, sont traitées d’une manière
plutôt convaincante, autant le descriptif des faits paraît
expédié, montré de façon empruntée,
certaines scènes confinant au ridicule, comme si on avait oublié
de les tourner… un amateur n’ayant pas encore découvert
les règles du récit aurait été chargé
de leur réalisation, avec beaucoup de maladresses et de confusion,
mal aidé par un preneur de son incapable.
Guillaume Depardieu trimballe sa carcasse, boitant (le spectateur
sait pourquoi, et c’est gênant car à aucun moment
cela n’est expliqué du point de vue de son personnage),
visage abîmé, plus une présence qu’un véritable
travail de comédien. La dédicace qui lui est consacrée
à la toute fin du générique final est émouvante,
et contribue a posteriori à encore rapprocher l’acteur
et le personnage. Florence Loiret-Caille est celle par qui le film
se tient, même bancale, même fragile, parfois extrême
dans son côté hors normes. Elle peut se montrer enfantine,
primitive, Eve dans son Eden, et aussi déstabilisée,
comme abrutie par les évènements et ses pulsions, irresponsable,
agaçante. C’est de toutes façons une actrice à
part, loin des filles à la beauté classique, mais avec
un charme évident, imprimant la mémoire, faisant passer
quelque chose d’animal et de sentimental à la fois.