Et voilà un film de plus
sur la manière de fabriquer du cinéma. Etrangement,
le décor rappelle, en beaucoup plus chic, l'espèce
de friche industrielle du génial Coupez
! Ici, nous sommes dans la préparation d'un film
qu'aurait pu tourner Almodovar, au vu du sujet. La réalisatrice
et ses deux acteurs principaux se retrouvent régulièrement
pour répéter, construire les personnages, réfléchir
au récit. Là où Coupez ! s'appuyait
sur l'aspect dérisoire du projet pour générer
un humour dévastateur, cette Compétition officielle
n'est qu'une lutte de personnalités très fortes et
toutes aussi détestables les unes que les autres. Banderas,
Martinez et Penélope Cruz sont parfaits, ignobles chacun
dans leur genre. Mais la structure du film, une succession de sketches
plutôt radicaux jouant sur la longueur et l'étirement
des situations, ne donne jamais d'énergie à l'ensemble,
qui reste très froid, clinique, élégant dans
sa forme, écœurant dans son propos. La lassitude vient
tout engluer, parfois balayée par la chute amusante d'une
séquence, puis revenant bien vite. La satire est assez efficace,
mais ne montre aucune empathie pour les personnages, ni d'inclinaison
vers le septième art.