C'est une histoire d'amitié,
plus qu'une amitié, une relation fraternelle entre deux garçons
qui ne sont pas frères, à la lisière de l'amour.
C'est aussi une histoire d'adolescence, avec tous les sentiments
exacerbés, l'absence de recul face aux choses de la vie.
Tout est trouble, les mots sont de trop lorsque les corps sont en
jeu, et en jeux (et aussi en je). Il est question d'intimité,
de découverte de soi, de trahison subie pour l'un, exercée
sans s'en rendre compte pour l'autre. Des deux garçons, l'un
est d'une délicatesse extrême, introverti, dans l'ombre.
L'autre est solaire et se fait violence pour être accepté
par d'autres adolescents. Mais ce ne sont pas des clichés,
des personnages figés : la délicatesse est partagée,
tout comme la violence. Comme dans Girl,
le premier film de Lukas Dhont, il y a un mélange de douceur
inouïe et de brutalité feutrée, et parfois le
contraire. Formellement, c'est magnifique, l'image et le travail
sur le son impriment au film une ambiance unique… on pense
au cinéma de Xavier Dolan et puis non, c'est un autre geste
artistique, les thématiques sont différentes, la façon
d'en rendre compte est complètement personnelle. Un sublime
cinéma d'auteur.