Chien de la casse **

Jean-Baptiste Durand

L'histoire

Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié est mise à mal par l'arrivée au village d'une jeune fille, Elsa.


Avec

Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatea Bellugi... et Malabar

Sorti

le 19 avril 2023


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La grâce du dérisoire

 

Il ne se passe rien, ou presque. C'est juste le quotidien de deux garçons, deux très jeunes adultes dans un village, qui s'ennuient un peu, qui s'occupent comme ils peuvent, qui échangent. Il y a de la mélancolie, une impression de gâchis, une vie de tout petits riens. Et puis finalement, ces petits riens font un tout, une existence, une amitié. C'est dérisoire, parfois pathétique, et terriblement touchant. Parce que ces deux-là ne se ressemblent pas, parce que leur relation est toxique et qu'ils ne s'en rendent pas compte et qu'il faut l'irruption d'une fille pour faire voler en éclats cet équilibre bancal.
Il y a comme une grâce sur ce film. La lumière est blafarde et pourtant il s'en dégage une impression de chaleur humaine. La description presque ethnologique de l'ennui dans un désert rural est d'une vérité criante et pourtant rien n'est attendu chez ces personnages, l'un cite Montaigne et a la parole facile, formidablement fleurie; l'autre est maladivement introverti et c'est pourtant lui qui attire les filles avec son air de chien battu mais qui a bien plus de force en lui qu'il n'y paraît; la troisième, princesse sans jupon, échouée en attendant qu'une marée la remporte, un rêve parfaitement réel… Et puis il y a aussi le chien, un sacré personnage lui aussi, un Malabar (c'est son nom) tout doux, d'une fidélité à toute épreuve.
Ce film, c'est presque rien, et pourtant il y a tout, l'amour, l'amitié, la mort, la déception, l'espoir, la vie qui continue. Un humour désabusé flotte en permanence, c'est en attendant Godot dans un pays qui pourrait être celui des premiers et des derniers (le bijou de Bouli Lanners), éclairé par un soleil du sud et le sourire de Galatéa, et c'est l'éclosion d'un acteur singulier qui pourrait devenir énorme : Raphaël Quenard. Retenez ce nom… Il y a quelque chose de Depardieu (jeune) chez lui. Une liberté, une arrogance, une folie…

 

Vos commentaires pour ce film

Jean-Baptiste Durand, à mon avis, on va en reparler longtemps. Durand… Dolan ?
En tout cas son (premier) film est un joyau.
Une tension permanente mais subtile, qui nous emmène jamais vraiment là où on imagine.
Des personnages d’une grande complexité, terriblement agaçants et touchants ! Jeunes adultes, ils sont à un moment charnière de leur vie ; le poids du passé et tout ce qu’il y a construire. La relation entre les deux garçons est déchirante.
Et tout le reste : des images et des effets formidables, la peinture sociale de cette petite ville charmante et pleine d’ennui, la vacuité, la culture…


Thierry D, le 24 avril 2023

 

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