Imaginez l'histoire de Miss
Peregrine et de ses enfants plus qu'étranges, sans l'aspect
fantastique… Un père charismatique et autoritaire,
joué par le beau Viggo, à la place de la belle Eva
Green… L'étrangeté de cette famille ne vient
pas, comme dans le film de Tim Burton, de dons et/ou de malformations
de naissance, mais d'une éducation complètement hors
normes, où tous les apprentissages de la vie se font à
partir d'expériences, où chaque élément
a un sens, où le mensonge n'a pas lieu d'être. Les
enfants sont des puits de sciences, bourrés de connaissances
assimilées, comprises, discutées, remises en causes,
confrontées à la réalité, et non pas
imposées. Une telle éducation est chimérique
? idéaliste ? illusoire ? utopique ? C'est ce que tentent
un père et une mère, écœurés par
la société de consommation, capitaliste et absurde.
Pour ce faire, ils s'isolent de cette société et s'installent
dans des endroits écartés, à la dure, sans
portable, sans coca, sans X-box, mais au milieu d'une nature dans
laquelle ils apprennent à survivre. L'histoire du film les
cueille à un moment crucial de leur parcours, lorsque la
mère décède et que le père et ses enfants
se rendent à ses funérailles, s'obligeant par là
même à se confronter à la société
qu'ils ont fui. Le scénario permet tous les questionnements
possibles, en rendant plausible cette vie à l'écart
du confort, domestique autant qu'intellectuel. Malgré l'aspect
un peu caricatural des familles "normales", l'argumentation
des uns et des autres se tient, le grand-père qui veut récupérer
la garde de ses petits enfants et les remettre dans ce qu'il considère
être le droit chemin, n'est pas un monstre, il fait preuve
d'affection, sélective certes, mais il est réellement
soucieux de leur bien être. De son côté, le père,
le "Captain Fantastic", est en proie aux doutes, il affiche
la plupart du temps une certaine assurance à propos de ses
choix de vie mais il est constamment à l'écoute des
uns et des autres et il est capable de changer d'avis.
La mise en scène parvient à rendre compte de toutes
les problématiques posées par le mode d'existence
si particulier de cette famille, autant administratives que philosophiques,
sociales, amoureuses, matérielles… Sans être
d'une inventivité surprenante, elle rend cette histoire très
prenante, osant l'emphase, ne négligeant pas l'humour, faisant
passer le spectateur par tous les états.