Cluzet est un acteur passe-partout
: cela n’a rien de péjoratif, il peut au contraire tout
jouer ou presque. Ici, il est un super concessionnaire de super voitures,
reconnu par ses pairs, ayant amassé pas mal d’argent,
paternaliste avec les siens, ayant érigé tout de même
autour de lui quelques barrières de protection, dans les deux
sens : ses frères sont dans la mouise, il les laisse végéter
; son associé a des activités un peu louches, il ne
veut rien savoir. Ce sont ces protections qui vont le jeter (enfin
! après un début un peu lourd dans la description du
personnage) dans une spirale infernale qui ressemble légèrement
à celle de "Sans laisser de traces", sorti récemment.
La suite, il faut bien le dire, ne brille pas par son originalité,
ni par sa crédibilité. Surnagent de l’excitation
générale qui tient lieu de mise en scène, Olivier
Gourmet, impeccable comme toujours dans son personnage d’ours
qui n’assure pas tout à fait ses actions, et surtout
Louise Bourgoin, qui impose une présence, un regard, un rire
dévastateur : très loin de la bimbo envahissante de
"la fille de Monaco",
elle sauve presque à elle seule toute la première partie
du film, malgré la rareté de ses interventions.
Lorsque les évènements commencent à tourner vraiment
mal (et lorsque Louise Bourgoin s’éloigne de l’action),
c’est tout l’ensemble qui s’écroule, l’histoire
devient totalement incohérente, le caméraman semble
perdu, le montage en rajoute dans les ellipses incompréhensibles,
et la (fausse) fin en Finlande qui se voudrait sans doute grandiose,
avec la poursuite dans la brume neigeuse, n’est que ridicule.
On n’en voudra pas aux acteurs, qui, en voyant le résultat
final, doivent se demander ce qu’ils sont allés faire
dans cette galère…