Andrea Arnold retrouve l'esprit
de Fish Tank,
la même âpreté mêlée de poésie
et ici, une irruption incroyable du fantastique (est-ce un rêve,
est-ce une hallucination, est-ce le point de vue du personnage principal
?)
L'histoire est malheureusement banale, universelle, et c'est comme
si la réalisatrice refaisait inlassablement le même
film, centré sur une jeune fille qui se débat avec
la misère, avec une énergie furieuse. Le film est
d'une densité formidable, porté par un récit
qui s'appuie sur un contraste saisissant entre des scènes
nerveuses, inquiétantes, dérangeantes et d'autres
instants de contemplation, comme suspendus (c'était aussi
le cas dans Fish Tank). On y voit beaucoup d'oiseaux, éléments
naturels dans un univers mixte, urbain mais parsemé de no
man's land, de prairies comme abandonnées. Ils pourraient
être la caution poétique, mais tout est prétexte
aux rêves, à la beauté. Celle-ci est autant
présente dans un vol d'étourneaux que dans les intérieurs
du squat où logent la jeune fille et sa famille. Ce sont
des bribes de couleurs, des images fugaces au sein même du
déroulé de l'histoire. Andrea Arnold parvient à
entremêler tout cela, le regard buté des uns, la joie
explosive qui soudain inonde les visages, un rai de lumière
sur un lit défait, la mer un peu sale mais filmée
comme une échappatoire, la violence toujours possible et
la douceur quand même. Un sacré beau film, gris et
brillant, sombre et éclatant, où le désespoir
et le désir ne sont jamais loin l'un de l'autre.