Ces bien-aimés lorgnent
du côté des chansons
d'amour, décrivant des personnages aux prises avec l'amour
d'une manière générale, et en particulier les
sentiments, le désir, les mensonges, les doutes, les éclaircies
et les enterrements de première classe.
L'impression majeure qui en résulte est un agacement certain,
dû à une légèreté malvenue, particulièrement
dans la première partie, avant que Chiara Mastroianni n'apparaisse.
Cette désinvolture touche autant le récit que le jeu
des acteurs (Ludivine Sagnier et son amant-mari tchèque en
sont exaspérants) et la mise en scène, qui verse parfois
dans une absence de rigueur préjudiciable à l'intérêt
que l'on peut porter à l'histoire.
Heureusement, cet aspect mousseux et finalement assez fade s'efface
un peu, la présence de Chiara Mastroianni métamorphose
le film, lui fait changer de ton, même si cela n'est peut-être
pas complètement volontaire de la part de Christophe Honoré.
Incontestablement, l'actrice apporte une émotion et une densité
qu'on avait pu apprécier dans l'œuvre précédente
du cinéaste "Non
ma fille, tu n'iras pas danser". Les situations, les parcours
de vie, l'évolution des deux femmes, leurs penchants et leurs
revirements, tout cela semble au final assez bien vu, même si
les scènes chantées n'apportent pas grand-chose : on
a un peu l'impression qu'il s'agit toujours de la même chanson,
certes jolie, mais un poil répétitive, comme du Michel
Legrand contemporain… Les paroles sont redondantes par rapport
aux scènes parlées, on pourrait aisément s'en
passer.
Le film culmine dans une scène à trois assez osée,
belle, poétique, pleine de sensualité, de non-dits et
d'étreintes désespérées : là, point
de légèreté, une certaine gravité est
de mise et cela fait du bien… La morale finale, sous des abords
de psychologie de bazar, appuie finalement là où ça
peut faire mal : On peut vivre sans l'autre, mais on ne peut vivre
sans l'aimer… C'est plutôt bien trouvé, pas seulement
joli, certainement un peu vrai.