Au vu de l'affiche, un homme
d'âge mûr (j'y serai bientôt, j'y suis presque,
snif) cerné d'œuvres d'art italiennes, assis de face,
on pourrait croire à une "Grande
Bellezza" bis. Mais non, pas du tout, mais alors, pas du
tout ! Rayez cela de vos papiers, comme dirait l'autre. C'est juste
un vague polar, sans flics mais avec des sous, beaucoup de sous.
Et puis une histoire d'amour, aussi. Enfin, si vous y allez, malgré
tout le mal que je vais en dire (et j'espère bien que vous
n'en tiendrez pas compte !), vous saurez si cet amour est partagé.
Plastiquement, esthétiquement, c'est assez beau. Classique,
mais beau. Pas grand-chose à voir, donc, avec la splendeur
décalée (image-son-discours) de la Grande Bellezza.
D'ailleurs, le personnage principal est commissaire priseur, il
vit du commerce des œuvres d'art, pas question pour lui de
remettre en cause leur valeur, qu'elle soit financière ou
de l'ordre de la fascination. Le récit, puisque récit
il y a, très classique lui aussi, repose sur un mystère,
et peut-être même plusieurs mystères. Et c'est
là que le bât commence à blesser, car l'ambiance
générale en manque beaucoup, de mystère. Il
y a bien des énigmes, posées par la femme invisible,
par l'automate, par la femme naine dans le café, mais de
mystère, d'étrangeté, point. Le montage sans
doute un peu trop carré et l'absence de véritables
surprises dans la façon de filmer empêchent que l'on
se sente embarqué dans cette histoire. On comprend assez
vite qu'on nous cache des choses, bien malin celui qui les découvrira
avant tout le monde, mais un peu simplet celui qui croira tout ce
qu'on lui montre… A la fin, tout est expliqué, en vrac
et pas très finement, mais les énigmes sont résolues.
Ce n'est pas "tout ça pour ça", parce qu'il
y a d'une part une "affaire" bien menée et d'autre
part une amertume qui reste assez longtemps, mais tout de même,
on peut être déçu par le manque d'originalité
de l'ensemble, tant du point de vue du scénario que de celui
de la mise en scène.