Bande de filles

Céline Sciamma

L'histoire

Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande.

Avec

Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh, Mariétou Touré

Sorti

le 22 octobre 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Beauté désespérée

 

Elles sont belles, ces quatre filles de banlieue… Belles comme les filles qu'on voit passer en bandes, verbe haut, rire sonore, démarche féline, provocation jamais très loin… Elles sont ainsi, remplissant toutes les conditions du cliché, définies comme telles, des filles en bande qui font grincer les dents des ménagères, fantasmer les hommes d'affaires et frôler les murs les garçons seuls. Elles sont belles et pleines de vie, lorsqu'elles se castagnent avec d'autres filles venues d'autres bandes, lorsqu'elles dansent et chantent dans une sorte de fête intime, lorsqu'elles redeviennent toutes petites comme des enfants sur un parcours de mini-golf… Ensuite un peu moins belles et moins triomphantes lorsque les garçons, en bandes eux aussi, les regardent, les toisent, leur faisant comprendre qu'elles ne sont que des proies disponibles. Et puis au bord du gouffre, terrorisée et résignées lorsque ces mêmes garçons, grands frères, pères, oncles, cousins, protecteurs d'un danger qu'ils ont eux-mêmes créé, leur dictent les lois d'une cité où jamais les femmes n'auront les mêmes droits que les hommes.
Le film raconte tout cela, à sa façon bien particulière, alternant d'un côté la beauté éclatante ou au contraire soumise, et d'un autre côté la laideur neutre des barres d'immeubles et des ombres qui y passent, semblant porter tous le même uniforme, sweet à capuche, regard éteint au travers des yeux de braise. Jouant de ces clichés mais n'en sortant jamais, le récit ne surprend pas, déroule comme une fatalité le destin d'une fille qui voudrait échapper à cette domination masculine. La vision de Céline Sciamma de cet univers est intéressante dans sa forme, parce qu'elle ne reproduit pas la plupart des codes du "film de banlieue" : pas de caméra nerveuse, ni rap et tags, ni misérabilisme social mais dans le fond, elle n'apporte rien au discours ambiant sur cette jeunesse-là. Mais sans doute n'y a-t-il rien à y apporter ? Il semble que les jeunes filles de "Naissance des pieuvres" et la toute jeune ado de "Tomboy" étaient montrées à un tournant de leur vie, et malgré l'âpreté de ce passage, leur futur était bien plus ouvert que celui de l'héroïne de cette bande de filles, dont l'avenir semble sombre, très sombre. De cette opacité, Céline Sciamma n'en sort pas, et ne termine pas vraiment son film. Elle laisse tout le monde, personnages et spectateurs, dans une interrogation désespérée.

 

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