Tomboy *

Céline Sciamma

L'histoire

Laure a 10 ans. Laure est un garçon manqué. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et sa bande qu’elle est un garçon.

Avec

Zoé Héran, Malonn Lévana, Jeanne Disson, Sophie Cattani, Mathieu Demy

Sorti

le 20 avril 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Le sexe des anges

 

"Naissance des pieuvres", le premier film de Céline Sciamma, sur un scénario riche en potentialités, décevait par un manque d’ambition dans sa mise en scène. Ce "Tomboy" a de la grâce, une personnalité bien plus affirmée, et malgré le thème sur le fil du rasoir, l’ensemble est un délice subtilement poivré. Le scénario, moins riche que celui de "naissance des pieuvres", a la fausse simplicité d’une histoire pour enfants, juste un peu cruelle, comme lorsqu’un enfant fait une grave bêtise ou un énorme mensonge et se fait rattraper au bout du compte. Mais ici, il n’y a pas de jugement de valeur, l’expérience de Laure, dix ans, qui se fait passer pour Mickaël, n’a qu’un temps, bien sûr, mais ce qu’elle lui apporte et lui permet de découvrir n’est pas vain. La façon dont elle est démasquée et doit alors réparer sa "faute" est douloureuse, d’une grande violence morale mais ne remet pas en cause son plaisir et son jeu de changement d’identité. Surtout, le récit a l’intelligence de ne pas s’embarquer sur les futures préférences sexuelles de ces enfants. Il les considère tels qu’ils sont, dans leur présent, et non pas comme des adultes en devenir. La petite sœur est très féminine (jusqu’au cliché, mais elle est tellement vraie !), les garçons jouent à être des hommes mais ils ont aussi ce qui est propre aux enfants, l’insouciance et la cruauté, la spontanéité et l’intolérance… Et Laure/Mickaël, avec ses silences, ses demi-sourires, ses regards profonds, garde son mystère, elle est touchante parce qu’elle ne donne pas d’explications.
Les enfants sont tous pris pour ce qu’ils sont, des personnes à part entière, avec leurs désirs, leurs doutes, leurs préférences….
En plus de leur justesse de ton (formidable direction d’acteurs, ou casting génial, ou bien encore du temps passé à ce qu’il naisse de la complicité entre eux, peut-être un peu de tout cela…), il y a une grande douceur donnée par la mise en scène, reposant sur une très belle lumière de fin d’été, des échanges chaleureux entre les enfants et les parents, des choix assumés pour faire durer certaines scènes en leur donnant du temps et de l’espace, une ambiance sonore particulière où le calme prédomine et où les éclats de voix lorsqu’ils jaillissent ont une vraie signification.
Jeanne Moreau, il y a deux ans, avait offert son césar d’honneur (qui lui avait été remis pour ses soixante ans de cinéma) à Céline Sciamma, pour attirer l’attention sur la jeune réalisatrice. C’était drôlement bien vu…

 

 

 

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