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Joachim Trier

L'histoire

Alors que se prépare une exposition consacrée à la célèbre photographe Isabelle Reed trois ans après sa mort accidentelle, son mari et ses deux fils sont amenés à se réunir dans la maison familiale et évoquer ensemble les fantômes du passé.

Avec

Isabelle Huppert, Gabriel Byrne, Jesse Eisenberg, Devin Druid, Amy Ryan, David Strathaim, Ruby Jerins, Rachel Brosnahan

Sorti

le 9 décembre 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Guerre et paix, et bien plus encore

 

Après "Oslo 31 août", très bien vu de la critique, fort intéressant dans sa forme, mais aussi poseur, nombriliste et pour finir, légèrement ennuyeux, qu'allait faire Joachim Trier ? En délaissant son acteur fétiche (Anders Danielsen Lie) et en tournant avec des stars internationales, en allant poser ses caméras aux Etats Unis, on pouvait craindre une banalisation de son cinéma.
Il n'en est rien. Le réalisateur a fabriqué un film incroyablement dense, abordant plusieurs thèmes à la fois, choisissant sciemment d'éclairer certains aspects de son histoire et d'en laisser d'autres dans l'ombre, laissant planer une certaine ambiguïté. Au spectateur de faire une partie du travail et comme il est beaucoup question de famille, les interprétations, psychologiques, psychanalytiques ou d'un tout autre genre, peuvent varier de l'un à l'autre et dépendre aussi du moment où l'on réceptionne les images, les mots, les regards, les pensées de chacun des personnages.
Le scénario en effet s'intéresse à de nombreux points de vue, glissant avec aisance sur une trame temporelle multiple, revient sur des évènements, les éclairant ou les remettant en cause. Les rêves, qui peuvent aussi être vus comme d'autres façons d'expliquer ou de brouiller la réalité, ne sont pas traités d'une façon radicalement différente du reste. Film à voir, et à revoir, certainement, pour y découvrir d'autres fulgurances, des secrets, des beautés aussi : l'ensemble n'est pas qu'un labyrinthe scénaristique complexe, il est aussi formellement très fluide, et malgré la lourdeur du propos, très plaisant à recevoir.
Le titre original, "Plus fort que les bombes", abandonné en raison des attentats de novembre, ne semblait s'attacher qu'à un aspect du récit, celui du reportage de guerre. Le titre retenu finalement, ce "retour à la maison" mais bien d'autres choses encore (ma grande connaissance de la langue anglaise me donne l'occasion d'en saisir toutes les subtilités…ou pas ;-) ), est beaucoup plus universel, reflétant de façon subtile toute la complexité de l'œuvre. En sortant de la projection, difficile de ne pas penser à un livre récent de Jeanne Benameur "Otages intimes", qui aborde certains thèmes du film, dont ce "retour à la maison", mais aussi les raisons intimes (justement !) de choisir le métier de photographe de guerre, et les dégâts collatéraux qui ne manquent pas de se produire sur les proches.

 

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