Que peut-il bien
se passer à Oslo, un 31 août ? Si l'on a rien lu, rien
vu, rien entendu sur le film (ni bande annonce, ni photos, ni articles...),
on peut imaginer tout et n'importe quoi, une histoire d'amour très
romantique (à cause de l'affiche, l'affiche, quand même,
on est un peu obligé de la voir, juste à l'entrée
du cinéma) ou bien au contraire (à cause du titre) une
évocation du drame de l'été 2011, lorsqu'un fou
a tué des dizaines de personnes à Oslo, lors d'un meeting
politique au bord d'un lac...
Rien de tout cela. C'est une journée, et le début de
la suivante, pendant laquelle on suit un jeune homme en fin de cure
de désintoxication, et qui bénéficie d'une permission
pendant laquelle il retrouve des amis, croise des connaissances, passe
un entretien d'embauche, s'incruste dans une fête, déambule
dans Oslo... Ce n'est pas précisément un film qui donnera
envie de passer ses prochaines vacances en Norvège, il n'est
pas non plus porteur d'espoir ou d'une énergie communicative...
Il s'agit d'une errance, autant par le corps que par l'esprit, formidablement
bien rendue par les choix de mise en scène, par la façon
de dérouler le récit, avec une structure qui semble
se déliter au fur et à mesure de l'avancée de
la journée et de l'envahissement des doutes du personnage.
La caméra donne une impression de fluidité, épousant
sa nonchalance, troublée parfois par des à-coups correspondant
aux éclats de colère ou de désespoir. Cet aspect
formel peut fasciner, peut emporter le spectateur dans cette fausse
léthargie, dans ce désarroi face à la vie. Il
y a aussi de multiples références culturelles, Perec
à cause de la séquence d'ouverture et de ses "je
me souviens", Virginia Woolf dans la tentative de suicide dans
la rivière, quelque chose de la nouvelle vague du cinéma
français... Ces clins d'œil sont légèrement
poseurs, pas tout à fait utiles au récit. De même,
le prénom du personnage, Anders, est le même que celui
du tueur de juillet 2011. Est-ce un hasard ? Et dans le cas contraire,
quelles sont les raisons de ce choix ? En rajouter dans l'expression
du mal être d'une jeunesse déboussolée, voire
d'un pays entier ?
En cours d'errance, si la fascination ne prend pas, ou si elle s'étiole,
le risque de l'ennui est grand, presque inévitable. L'acteur
est impressionnant de justesse, mais n'attire pas la sympathie, ne
génère pas d'émotions liées à une
identification bien difficile à établir. On en sort
alors un peut dubitatif, admiratif de la forme, mais restant sur sa
faim en ce qui concerne l'histoire…