Les Ardennes

Deux frères en opposition, une femme entre les deux, la dureté de la langue flamande, le gris des jours qui passent, les espoirs de courte durée… eh non, ça n'est pas Belgica, mais les Ardennes, qui n'ont (presque) rien à voir avec les frères Dardenne et un peu plus avec les Coen, l'humour en moins. Les personnages sont terriblement sombres, marqués par le destin, perdants, perdus. L'histoire est une sorte de polar sans flics avec une rédemption ratée, des trahisons en cascade, une folie monstrueusement humaine, un carnage annoncé. Le tout pourrait être magnifiquement crépusculaire, brillamment mélancolique, sublimement désespéré. Mais trop de noirceur tue la noirceur et malgré la haute tenue de la mise en scène, précise, emphatique, ample, le scénario empile les horreurs et l'attachement aux personnages est impossible. La distance est nécessaire pour ne pas sombrer avec le récit et du coup une sorte d'humour au second degré se crée, salvateur pour le spectateur mais certainement involontaire.