C'est long.
Ce n'est pas que ce soit particulièrement lent, mais beaucoup
de scènes montrent des détails qui n'ont pas beaucoup
d'intérêt. Du coup, le récit avance sur un faux
rythme, semblant préparer une accélération,
une surprise, une révélation… mais rien ne vient
troubler la lutte passive d'une femme qui ne veut pas vendre son
appartement. Ah, si, sur la fin, une invasion d'un autre âge,
certes scandaleuse, mais qui, par manque d'une mise en scène
un tout petit peu plus spectaculaire, est loin de faire écarquiller
les yeux. Avant cela, c'est la chronique un peu répétitive
de la résistance d'une femme légèrement agaçante
face à de très vilains promoteurs, trop vilains d'ailleurs
: l'ambiguïté intéressante apportée par
la douceur apparente d'un jeune loup ne dure pas jusqu'au bout,
et c'est bien dommage. Mais celle qui occupe l'écran et fait
avancer l'histoire, c'est bien Clara, la soixantaine, jouée
par Sonia Braga, star au Brésil. Le personnage a quelque
chose d'un peu hautain, n'affichant aucune empathie et mettant une
distance avec tous ceux qui l'entourent (excepté son neveu)
sans que l'on comprenne tout à fait pourquoi. Son obstination
à ne pas vendre, de la part de cette femme très aisée
(on comprend qu'elle possède d'autres appartements) ne la
rend pas très attachante. Soucieuse de son bien-être,
vivant dans ses souvenirs, se moquant des offres alléchantes
des promoteurs (elle peut les refuser, elle en a largement les moyens
financiers) mais aussi individualiste, pas misanthrope mais presque…
Le film lui-même, en plus d'être long, affiche des couleurs
ternes, des mouvements de caméra laborieux, un montage sans
surprise, une esthétique de série au rabais.
Le tapage cannois autour de cette production franco-brésilienne
est assez incompréhensible ou bien s'explique par le fait
qu'elle flatte un pseudo esprit de rébellion passive et bourgeoise
face à la mondialisation. Un peu nombriliste, pour tout dire.
Dans un même ordre d'idée, l'opposition au progrès
économique montrée dans Toni
Erdmann était autrement plus explosive, bien plus jouissive
et beaucoup plus riche d'idées.
Ah oui, dernière chose
: si vous n'êtes pas fan de variétoche brésilienne
des années 70 et 80, passez définitivement votre chemin,
ou vous risquez de ressortir avec des envies de démolition...