Aquarius

Kleber Mendonça Filho

L'histoire

Clara, la soixantaine, ancienne critique musicale, est née dans un milieu bourgeois de Recife, au Brésil. Elle vit dans un immeuble sur la très huppée Avenida Boa Viagem qui longe l’océan. Un important promoteur a racheté tous les appartements mais elle, se refuse à vendre le sien. Elle va rentrer en guerre froide avec la société immobilière qui la harcèle.

Avec

Sonia Braga, Maeve Jinkings, Irandhier Santos, Humberto Carrao, Zoraide Coleto, Fernando Teixeira, Buda Lira, Paula de Renor

Sorti

le 28 septembre 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Résistance passive et bourgeoise

 

C'est long.
Ce n'est pas que ce soit particulièrement lent, mais beaucoup de scènes montrent des détails qui n'ont pas beaucoup d'intérêt. Du coup, le récit avance sur un faux rythme, semblant préparer une accélération, une surprise, une révélation… mais rien ne vient troubler la lutte passive d'une femme qui ne veut pas vendre son appartement. Ah, si, sur la fin, une invasion d'un autre âge, certes scandaleuse, mais qui, par manque d'une mise en scène un tout petit peu plus spectaculaire, est loin de faire écarquiller les yeux. Avant cela, c'est la chronique un peu répétitive de la résistance d'une femme légèrement agaçante face à de très vilains promoteurs, trop vilains d'ailleurs : l'ambiguïté intéressante apportée par la douceur apparente d'un jeune loup ne dure pas jusqu'au bout, et c'est bien dommage. Mais celle qui occupe l'écran et fait avancer l'histoire, c'est bien Clara, la soixantaine, jouée par Sonia Braga, star au Brésil. Le personnage a quelque chose d'un peu hautain, n'affichant aucune empathie et mettant une distance avec tous ceux qui l'entourent (excepté son neveu) sans que l'on comprenne tout à fait pourquoi. Son obstination à ne pas vendre, de la part de cette femme très aisée (on comprend qu'elle possède d'autres appartements) ne la rend pas très attachante. Soucieuse de son bien-être, vivant dans ses souvenirs, se moquant des offres alléchantes des promoteurs (elle peut les refuser, elle en a largement les moyens financiers) mais aussi individualiste, pas misanthrope mais presque…
Le film lui-même, en plus d'être long, affiche des couleurs ternes, des mouvements de caméra laborieux, un montage sans surprise, une esthétique de série au rabais.
Le tapage cannois autour de cette production franco-brésilienne est assez incompréhensible ou bien s'explique par le fait qu'elle flatte un pseudo esprit de rébellion passive et bourgeoise face à la mondialisation. Un peu nombriliste, pour tout dire. Dans un même ordre d'idée, l'opposition au progrès économique montrée dans Toni Erdmann était autrement plus explosive, bien plus jouissive et beaucoup plus riche d'idées.

Ah oui, dernière chose : si vous n'êtes pas fan de variétoche brésilienne des années 70 et 80, passez définitivement votre chemin, ou vous risquez de ressortir avec des envies de démolition...

Vos commentaires pour ce film

Tout à fait d’accord avec toi, je suis sortie du film perplexe, je n’ai pas du tout compris pourquoi les critiques (presque) unanimes encensent ce film.
Juste une chose à ajouter : la première scène (années 80) sort du lot. Le personnage de la tante qui fête ses soixante dix ans est prometteur ; en une scène, elle fait passer beaucoup d’émotions et de complexité. On imagine qu’il y avait de quoi creuser et faire quelque chose de son histoire plutôt que de se concentrer sur sa nièce, belle mais froide.


Irène D, le 11 octobre 2016

 

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