L'un des personnages
affirme avec un air grave, "j'ai l'impression de passer à
côté de ma jeunesse". Et pendant qu'il dit cela,
le spectateur, de son côté, est en droit de se demander
s'il n'est pas en train de passer à côté de sa
soirée… Assayas a sans doute déversé beaucoup
de lui-même, souvenirs et impressions, pour monter son film,
et cela aurait pu déboucher sur une œuvre très
personnelle et touchante. Au lieu de cela, c'est un pensum théorique,
ennuyeux, sans rythme et sans charme (hormis de rares moments, comme
la manifestation du début ou bien l'errance dans la fête
au château). Les acteurs sont tous amateurs, exceptée
Lola Creton, et cela se sent, ils n'ont pas de présence, débitent
leur texte sans y croire. On est loin, très loin de l'étonnante
impression de proximité ressentie lors du début de "l'heure
d'été". Les querelles entre les différents
courants gauchistes sentent la nostalgie des très vieux combattants
sans intérêt, on a très envie de presser la touche
"avance rapide", mais on est au cinéma, on subit
donc les grandes tirades très écrites, qui ont sans
doute intéressé les critiques professionnels des journaux
dit intellectuels et qui ont peut-être vécu ces moments-là.
Malheureusement, cela ne passe pas pour un public peu concerné.
Les histoires d'amour, alors ? Elles pourraient toucher tout le monde,
c'est universel, l'amour. Mais non, on s'en balance. Les personnages
ne développent aucune empathie à leur égard,
et ne sont pas incarnés par les comédiens. Ils restent
des clichés tristes et sans avantages. L'ensemble devient interminable,
pourrait s'arrêter à tout moment et lorsque enfin, le
générique déroule, on reste un peu, pour lire
les titres des musiques entendues, très années 70, pas
mal pour ceux qui y sont sensibles…
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