Anna K, que l'on connaisse ou
pas, que l'on ait lu le roman ou que l'on n'ose pas avouer que non,
même pas pensé à emprunter un jour ce grand
classique, signé de… eh bien non, ça non plus
on ne savait pas… Tolstoï ? ah bon, cela aurait pu être
Dostoïevski, ou Tchekov… Bref, Anna K, familière
ou pas, on se doute bien qu'elle fait partie de ce genre d'héroïnes
romantiques qui emportent et font naître émotions,
larmes et grands sentiments. Joe Wright conforte cette certitude
dans un premier temps, en faisant de cette énième
adaptation au cinéma, un très grand spectacle dont
on peut dire qu'on en a plein les mirettes. Ça bouge dans
tous les sens, à bon escient, c'est coloré, magnifiquement
éclairé, les décors et les costumes sont sublimes,
l'aspect très théâtral (et chorégraphique
!) parvient à apporter de l'originalité, tout roule,
pas une fausse note, ça danse, ça crie, ça
pleure, ça se déchaîne, c'est le film de l'année
!? Du moins c'est ce qu'on se dit les dix premières minutes.
Ensuite… l'enthousiasme retombe un peu. Non pas que l'ensemble
ne tienne pas la distance. Il y a tout au long des deux heures (et
plus) des idées à foison, le rythme de l'inventivité
ne ralentit jamais. Mais toute cette débauche d'images ne
fait éclore aucune émotion. On regarde cela avec une
distance certaine, l'éblouissement est de tous les instants,
l'émotion jamais. Peut-être est-ce voulu… ou
pas. Keira Knightley n'aide pas non plus… Bien qu'un peu moins
agaçante que dans ses derniers films (oh, l'insupportable
"Dangerous method"),
elle reste une actrice peu expressive malgré ses innombrables
mimiques, celles-ci se rapprochant plus de tics de jeux que de tentatives
pour faire passer un sentiment.
Mais, au diable Keira et les tièdes que Dieu paraît-il
vomit, c'est tout de même un sacré spectacle qui ne
lésine pas sur les moyens, et c'est assez rare, par les temps
qui courent.