La "dangereuse méthode",
c'est donc la psychanalyse et le danger du transfert mis en action,
avec l'analyste qui finit par avoir une liaison avec sa patiente…
Le psy au cinéma, c'est du pain bénit, une roue de secours
pour scénaristes en panne d'inspiration. Ici, on remonte directement
aux sources, en mettant en scène les fondateurs de la discipline,
Freud et Jung, avec également, comme pour pimenter le duo,
une patiente de Jung, particulièrement atteinte au début
du film, guérie (ou presque) par la suite, et finissant psychanalyste
elle-même. Un miracle improbable ? Non, la Sabina Spielrein
du film a réellement existé…
Pour mettre en scène cette troïka épicée,
Cronenberg semble avoir abandonné son goût pour les émotions
fortes, la violence des images, la radicalité de ses personnages.
Le film est comme figé, presque académique, avec une
image impeccable, des costumes et décors d'époque très
soignés. Tout cela sent le propre, les discours ennuyeux entre
les deux médecins n'apprendront rien à ceux qui maîtrisent
leur Freud dans le texte, et n'éveilleront pas l'intérêt
de ceux qui l'ont évité jusqu'ici. Mais le pire, ce
qui finit par plomber toute tentative de crédibilité,
ce sont les acteurs : Mortensen n'en finit plus de tirer sur sa pipe
pour essayer de ressembler à Sigmund, en vain. Fassbender ôte
ses lunettes, les remet pour les enlever à nouveau et effectivement,
derrière sa petite moustache qui ne bouge pas d'un poil malgré
les années qui passent, il ne ressemble pas du tout à
l'addict au sexe de "Shame". Mais qu'est-ce qu'il est barbant
! Et Keira Knightley continue, film après film, à jouer
avec sa mâchoire élastique et ses membres squelettiques
pour montrer qu'elle peut jouer les névrosées anorexiques.
Il n'y a que Vincent Cassel qui empêche de s'endormir, en médecin
dépravé et ayant largement franchi les limites de la
déontologie; par malheur, il ne reste pas très longtemps
à l'écran.