Comme un récent Terrence
Malick, qui ne donnerait pas la nausée, et avec une vraie
histoire… c'est à dire pas grand-chose à voir
avec "à
la merveille", à part quelques paysages, et le goût
de la belle image.
Et puis si, tout de même, il y a un peu de "la ballade
sauvage" dans la description de ce couple maudit et hors-la-loi…
Ce qui séduit et peut même sidérer au premier
abord, c'est bien la lumière, la façon dont elle caresse
les épidermes, la manière dont la photo capte son
éclairage doré, contrasté, sublimant chaque
scène.
Puis, alors qu'on peut commencer à se demander si cette beauté
formelle n'est pas un peu vaine et ne fait que masquer un scénario
trop classique, celui-ci finit par emporter le spectateur, posant
des questions concernant le destin de chaque personnage. Tous les
éléments d'une tragédie sont posés,
un père endeuillé, un amant qui se sacrifie pour son
aimée, une amante qui attend comme une Pénélope
moderne, un prétendant qui attend lui aussi, sans jouer la
séduction, d'une belle délicatesse (ou simplement
trop timide ?)… On pense à ce que Clint Eastwood aurait
pu faire d'un tel matériau, une histoire profonde et dramatique,
solide et large comme un paysage du Texas. Ici, tout est beaucoup
plus fragile, plus poétique, le récit est parfois
un peu flou, il sonne comme un vieux blues en déséquilibre.
Ça n'est absolument pas désagréable, c'est
juste différent.
Rooney Mara incarne un personnage romantique, mais pas seulement
: il y a beaucoup d'ambiguïté, des non-dits, des regards
qui pèsent plus que les mots. Elle est magnifique…
Casey Affleck promène sa silhouette de faux looser, portée
par sa voix reconnaissable entre mille, éraillée et
donnant l'impression qu'elle vient de loin. Il n'est pas moins magnifique
que sa partenaire.