Cela pourrait être la chronique
douce-amère d'un été comme un autre dans un
village portugais, avec quelques rancœurs entre ses habitants.
Mais l'amour et la haine, la mort et la vie… et un peu de
sorcellerie emportent le film dans une autre dimension. Comme le
dit un des personnages, toute femme libre se fait un jour traiter
de sorcière. Et dans ce village, ce sont les femmes qui font
bouger les choses. Les hommes se contentent de suivre, ballotés
par les évènements ou tentant de les contenir, en
vain. Il y a une petite fille, dont l'écoute et le regard
ne sont pas sans rappeler Camille Leban-Martins dans Un
beau matin. Elle est au centre de tout, elle a quelque
chose de très lumineux et évoque un mystère
fragile. Il y a sa grand-mère, excentrique, une sorte de
volcan fatigué qui règne sur une famille où
l'on s'engueule, où l'on rigole aussi, où l'on s'aime,
même si cet amour est bien loin d'être convenu. Et puis
tout le village autour, qui bouillonne, qui attend la pluie…
Rien n'est spectaculaire malgré l'aspect parfois inquiétant
du récit et cette esquive d'effets rend le film à
la fois simple et étrange, absolument pas attendu. On peut
rester insensible à cette singularité, ne pas être
saisi par le trouble. Ou bien au contraire être frappé
par cette sorte de folie mi-religieuse, mi païenne.