L'affaire SK1

Frédéric Tellier

L'histoire

L'affaire du serial killer Guy George, l'enquête pour découvrir son identité, et son procès.

Avec

Raphaël Personnaz, Nathalie Baye, Adama Niane, Olivier Gourmet, Michel Vuillermoz, Christa Theret, Thierry Neuvic

Sorti

le 7 janvier 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Wikipedia en images

 

Le réalisateur, pour un premier film somme toute très classique dans sa facture, prend deux risques, qui auraient pu lui être fatals, et qui bien au contraire ajoutent un petit supplément à cette production très "qualité française", retraçant la sinistre carrière d'un serial killer français très connu, Guy George.
Le premier de ces risques tient dans l'organisation du récit, qui entremêle l'enquête proprement dite, et le procès qui envoie l'assassin violeur en prison à vie. Ce passage de l'un à l'autre pourrait être très préjudiciable à la tension qui règne dans les deux aspects de l'histoire. La recherche policière du coupable débouche sur un succès, le procès l'atteste, il n'y a donc plus de suspense... mais la façon dont sont montrées toutes les fausses pistes et les impasses dans lesquelles se fourvoient les super flics du 36 quai des orfèvres relance sans cesse l'intérêt porté à l'enquête. Le travail lui même, l'évolution des méthodes d'investigation, l'énergie ou le désespoir de ces acharnés de la vérité, tout est intéressant, on ne s'ennuie pas une seconde... Quant au procès, pendant lequel Guy George plaide d'abord l'innocence, il pourrait être torpillé par ce que l'on apprend de l'enquête, mais il n'en est rien, il est sauvé par l'avocate jouée par Nathalie Baye, qui pose une autre problématique : doutant énormément de l'innocence de son client, elle cherche à sauver son identité, à ce que sous le monstre, présenté tel quel par les medias et le bon sens populaire, on puisse y percevoir l'homme.
Le deuxième parti pris du réalisateur, c'est sa volonté de mettre en scène Guy George lui-même, de lui donner une humanité, de le rendre parfois émouvant, de ne jamais le décrire comme un sadique irrécupérable. Les crimes ne sont montrés qu'une fois perpétrés, on ne le voit jamais à l'œuvre, et c'est tant mieux, cela aurait tourné au voyeurisme terriblement malsain... Adama Niane, l'acteur qui l'interprète est vraiment très étonnant, il compose un personnage doux et un peu inquiétant, légèrement charismatique et parfois repoussant, sans presque aucun effet, pas de roulement d'yeux, pas de marques de folie, juste un individu presque ordinaire, ce qui augmente, bien sûr, sa part de mystère...
On peut alors regretter, avec toutes ces qualités, que les dialogues soient autant écrits, ce qui nuit souvent au naturel des échanges. Le jeu des acteurs s'en trouve très conventionnel, et hormis Adama Niane, tous font ce qu'on attend d'eux, sans aucune surprise, du flic consciencieux et troublé par les agressions parce qu'il vit lui même avec une jolie femme (Raphaël Personnaz, un peu impersonnel) à l'avocate humaniste malgré son apparence bourgeoise (Nathalie Baye, curieusement sans nuances) en passant par l'équipe de policiers , que l'on a déjà vus dans L 627 (discret hommage au film de Tavernier en passant) ou dans Polisse, concernés, humains, craquant parfois mais restant dignes...
Au final, une très honnête illustration de l'affaire Guy George, plutôt prenante, factuelle mais sans âme. Une sorte de mise en images de l'article sur Wikipedia...

Vos commentaires pour ce film

Frédérique Pons (Nathalie Baye), comme toujours, parfaite en avocate, trop rare dans le film.
Franck Magne (Raphaël Personnaz), jeune inspecteur rigoureux et persévérant hanté par cette affaire.
Bougon (Olivier Gourmet) et Franck Magne forment un duo passionnant en flics crédibles.
Guy George (Adama Niane) rôle du prédateur, parvient à être bouleversant dans le rôle de Guy Georges.
Beaucoup de raisons de voir ce film, je me laisse entraîner par l'histoire qui est construite avec une chronologie précise indiquée sur l'écran, les scènes de meurtre sont explicites. Ce polar efficace me plonge avec réalisme dans le quotidien de flics persévérants dans les années 90.


Dominique P, le 13 janvier 2015

 

Envoyez votre commentaire