Qu'est-ce qu'une famille ? Des
liens naturels, mais imposés par la filiation ? Des relations
tissées en dehors de toutes conventions ? Une douce prison
rassurante ? Un enfer fait de rancœurs et d'incompréhensions
? Le film donne une sorte de réponse, qui ne satisfera pas
tout le monde, et c'est tant mieux. Il n'est pas consensuel, et
même s'il est plein de chaleur humaine, il n'a rien de mièvre
ou d'attendu sur ce type de sujet. Dans la même veine que
Tel père,
tel fils, il aborde un sujet plutôt surprenant et
pratiquement inconnu en dehors du Japon : la misère sociale
dans ce pays, ou comment, là où le travail et la réussite
sont des valeurs partagées par, le croit-on, la très
grande majorité de ses habitants, des exclus résistent
et font de la débrouille illégale un mode de vie.
Une scène toute simple montre l'ensemble des personnages
sur le pas de leur porte, écoutant les feux d'artifice au
loin et s'en délectant : plus que la splendeur supposée
du spectacle des illuminations, c'est bien la richesse de leurs
relations qui leur donne du bonheur, à cet instant, et c'est,
il faut bien le dire, très simplement émouvant, voire
bouleversant. On pourrait craindre un éloge un peu béat
des valeurs de partage et d'attention des uns envers les autres,
doublé d'une critique acerbe de la réussite sociale,
le film ne se résume absolument pas à cette dichotomie.
Il a d'abord une structure en forme d'histoire à tiroirs,
révélant peu à peu et avec un certain sens
du suspense la teneur des rapports entre les différents personnages.
Filmé simplement, sans effets, mais privilégiant la
qualité de la lumière, des silences, avec une mise
en scène entièrement dévouée à
l'histoire, il fourmille de petits détails, de micro-surprises,
de petits bonheurs, et agit comme un baume apaisant sur le spectateur,
malgré la dureté de certaines situations.
Une très belle palme d'or, pas tout à fait politiquement
correcte.