C'est la cavale dramatique
d'un couple de jeunes adolescents pas comme les autres, lui est
plutôt introverti, regardant le monde par le prisme de son
imaginaire, faisant parler les oiseaux et s'en faisant des amis
fictifs ; elle est internée dans une institution psychiatrique
contre son gré, s'invente des histoires d'une vie qui n'est
probablement pas la sienne, se retrouve en crise de façon
régulière, des crises de folie assez impressionnantes,
violentes et bouleversantes pour son entourage. Cette cavale fait
penser un peu au film qui a révélé Adèle
Haenel, Les Diables. Elle évoque aussi La balade
sauvage, de Terrence Malick… mais cette Adoration, après
un début original et plein de promesses (musique prenante,
mise en scène vibrante, interprètes surprenants) sombre
peu à peu dans une lourdeur formelle et scénaristique.
Le parcours des deux jeunes amoureux devient répétitif
et du coup assez prévisible, Fantine Harduin d'abord pleine
de fraîcheur et au jeu inventif et percutant finit par ne
plus convaincre avec ses crises d'hystérie surjouées
(Thomas Gioria, déjà impeccable dans Jusqu'à
la garde, en fait beaucoup moins et reste crédible
jusqu'au bout), la thématique de la rivière, que l'on
peut voir comme une destinée implacable ou comme une volonté
de se purifier, a un air de déjà vu et de cliché.
Les rencontres (le couple légèrement ambigu et l'homme
perdu joué par Poelvoorde) sont des respirations bienvenues
et plutôt bien construites mais aussi des balises attendues
dans le récit d'un chaos peut être un peu trop ordonné.