Jusqu’à la garde *

Xavier Legrand

L'histoire

Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.

Avec

Denis Ménochet, Léa Drucker, Mathilde Auneveux, Thomas Gioria, Florence Janas, Sophie Pincemaille

Sorti

le 7 février 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Terreur domestique

 

Ça n’est pas un film dossier, un exposé documenté sur les violences conjugales, ni un réquisitoire contre les hommes qui tombent du (très) mauvais côté de la relation amoureuse. Le film suit principalement un trio terriblement classique, trois personnages au bord de la rupture, un enfer familial. Le père, nounours bougon dont le calme apparent cache une douleur qui n’excuse rien mais peut expliquer les passages à l’acte, passés ou à venir. La mère froide et déterminée en surface, mais dont on sent l’immense fragilité, comme un morceau de verre fêlé tout prêt de se briser. Le fils écartelé entre sa peur et ses tentatives de protection de sa mère et de lui-même, ou d’esquive des confrontations entre ses parents. La séparation est effective, déjà ancienne lorsque le récit présente ces trois personnages, et la tension qui règne dès le début fait penser qu’il s’est passé des choses indicibles. Le film ne fait aucun cadeau au spectateur, même pas lors de la fête d’anniversaire, la tension initiale ne fait que croître et jusqu’au dernier moment l’issue est incertaine. C’est tout à fait étonnant parce qu’il y a une très grande maitrise dans la mise en scène, quelque chose d’ascétique, plutôt rare dans un premier film. Le jeu d’acteurs a énormément de caractère, mais sans hystérie, sans aucun effet qui irait chercher quelque chose du côté du pathos, ce sont des silences, des regards, des attitudes qui ne rendent pas les personnages forcément sympathiques ou antipathiques, mais simplement humains, réagissant avec leurs tripes sans les étaler sur l’écran. C’est glaçant, terriblement prenant, cela tient à la fois du drame social ou familial et du thriller. La violence sur les personnes n’est jamais montrée et pourtant elle est omniprésente. Attention, ce n’est pas du cinéma divertissant, ce n’est pas non plus du cinéma qui fait réfléchir, c’est un spectacle oppressant, dont on ne sort pas indemne.

 

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