Ça n’est pas un
film dossier, un exposé documenté sur les violences
conjugales, ni un réquisitoire contre les hommes qui tombent
du (très) mauvais côté de la relation amoureuse.
Le film suit principalement un trio terriblement classique, trois
personnages au bord de la rupture, un enfer familial. Le père,
nounours bougon dont le calme apparent cache une douleur qui n’excuse
rien mais peut expliquer les passages à l’acte, passés
ou à venir. La mère froide et déterminée
en surface, mais dont on sent l’immense fragilité,
comme un morceau de verre fêlé tout prêt de se
briser. Le fils écartelé entre sa peur et ses tentatives
de protection de sa mère et de lui-même, ou d’esquive
des confrontations entre ses parents. La séparation est effective,
déjà ancienne lorsque le récit présente
ces trois personnages, et la tension qui règne dès
le début fait penser qu’il s’est passé
des choses indicibles. Le film ne fait aucun cadeau au spectateur,
même pas lors de la fête d’anniversaire, la tension
initiale ne fait que croître et jusqu’au dernier moment
l’issue est incertaine. C’est tout à fait étonnant
parce qu’il y a une très grande maitrise dans la mise
en scène, quelque chose d’ascétique, plutôt
rare dans un premier film. Le jeu d’acteurs a énormément
de caractère, mais sans hystérie, sans aucun effet
qui irait chercher quelque chose du côté du pathos,
ce sont des silences, des regards, des attitudes qui ne rendent
pas les personnages forcément sympathiques ou antipathiques,
mais simplement humains, réagissant avec leurs tripes sans
les étaler sur l’écran. C’est glaçant,
terriblement prenant, cela tient à la fois du drame social
ou familial et du thriller. La violence sur les personnes n’est
jamais montrée et pourtant elle est omniprésente.
Attention, ce n’est pas du cinéma divertissant, ce
n’est pas non plus du cinéma qui fait réfléchir,
c’est un spectacle oppressant, dont on ne sort pas indemne.