C'était la dernière
séance… Un jeudi soir à Auch dans le Gers, dans
un de ces formidables cinémas art et essai de province, organisant
évènements, rencontres, festivals, rétrospectives,
doté d'un bistrot chaleureux… Et ce cinéma va
fermer pour des longues semaines, parce que la culture et la convivialité,
ça n'est pas essentiel… Moins que les téléphones
portables, moins que les banques, moins que les surgelés.
Argh. Le titre du film pour cette dernière séance
est d'actualité. Adieu les cons. On aurait pu dire Merde
aux cons. Ou Mort aux cons. Ah non, ça, non. Pas possible,
par les temps qui courent. Cela pourrait être mal pris.
Dupontel a concocté une histoire un peu dingue, une rencontre
entre trois éclopés de la vie, un croisement entre
Bonnie and Clyde et Brazil. Et d'ailleurs, le
réalisateur de Brazil y fait une apparition. Savoureuse,
l'apparition.
La description de la société dans laquelle vivent
les personnages, un peu réaliste, un peu imaginaire, mais
au final très proche de la nôtre, n'est pas vraiment
tendre, elle pointe les absurdités, la mise sous cloche des
citoyens (nous sommes tous observés, analysés), les
brutalités policières (la bande annonce, avant la
projection du film, du documentaire Un
pays qui se tient sage, fait un drôle d'écho
à certaines séquences), la difficulté pour
les singularités d'exister. Dupontel cède aussi parfois
à une certaine douceur, qui lui va un peu moins bien, une
romance un peu attendue qui frôle la mièvrerie, mais
après tout, c'est du cinéma, et les baisers au cinéma,
ce sont des petits bonheurs (parfois).
C'était la dernière séance, c'est la fin octobre
et dehors il ne fait même pas froid. Dans le bistrot du cinoche,
il y a encore de la musique, plus pour longtemps. Pendant de longues
semaines, on va regarder des films sur des petits écrans,
chacun dans son coin, comme un con. Salut Dupontel, et à
la prochaine.